Un grand nom du cinéma s'est éteint. Le cinéaste français Chris Marker, réalisateur engagé, auteur notamment de La Jetée, est mort lundi matin chez lui à Paris, a annoncé le président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, sur Twitter. "Esprit curieux, cinéaste infatigable, poète amoureux des chats, vidéaste, personnage secret, immense talent, nous sommes orphelins de Chris Marker", écrit-il. Sur son compte, le critique de cinéma Jean-Michel Frodon fait quant à lui part de sa "tristesse infinie".
Esprit curieux,cinéaste infatigable, poète amoureux des chats, vidéaste, personnage secret,immense talent, sommes orphelins de Chris MARKER— gilles jacob (@jajacobbi) July 30, 2012
Hasard du calendrier, Chris Marker est mort exactement le même jour que deux géants du cinéma, remarque le journaliste irlandais Oliver Farry sur son compte Twitter. Ingmar Bergman et Michelangelo Antonioni sont en effet tous les deux décédés le 30 juillet 2007.
Ami d'Alain Resnais
Comme eux, Chris Marker, qui venait de fêter ses 91 ans, a contribué à la modernisation du cinéma, notamment dans le genre documentaire. De son vrai nom Christian François Bouche-Villeneuve, il était ami avec Alain Resnais. En 1953, il tourne avec lui Les Statues meurent aussi, consacré à l'art africain et couronné d'un prix Jean Vigo, indique sur son site la Cinémathèque française.
C'est toutefois avec La Jetée, un court-métrage de science-fiction, qu'il se fait connaître en 1962. Ce film expérimental, montage d'images fixes, a notamment inspiré le Britannique Terry Gilliam pour L'Armée des 12 singes.
Le court-métrage La Jetée :
Engagement politique
Dans ses films documentaires, Chris Marker laisse transparaître son engagement politique et sa sympathie pour les révolutions contre les oppressions. Il explore ainsi, quatre heures durant, la période des années 60 dans Le fond de l'air est rouge, tourné en 1977. Avec Sans Soleil, réalisé en 1982, il se penche sur le voyage et la mémoire, au Japon et en Afrique.
La bande-annonce de Le fond de l'air est rouge :
En 2004, le cinéaste réalise son dernier film, Chats perchés, qui s'inscrit dans la même lignée et retrace les événements du début des années 2000, des manifestations anti-Le Pen au débat sur le voile, en passant par la guerre en Irak.
"C'était un homme profondément honnête, politique et cinématographiquement", a réagi auprès du Monde le cinéaste Costa-Gavras, dont il était proche.