Au terme d'un vote très serré, Pierre Lemaitre a été sacré lundi par le prix Goncourt pour Au revoir là-haut (Albin Michel), un roman sur une génération perdue, les démobilisés de la Première Guerre mondiale, sacrifiés par une France exsangue après quatre ans d'horreur dans les tranchées.
Elu au douzième tour. Pierre Lemaitre, qui était le favori, a été choisi par le jury au douzième tour par six voix contre quatre à Frédéric Verger pour son premier roman, Arden (Gallimard). Les deux autres finalistes étaient Jean-Philippe Toussaint pour Nue (Minuit) et Karine Tuil pour L'invention de nos vies (Grasset).
"Je suis le plus heureux des hommes. C'est un moment unique dans la carrière d'un écrivain. C'est comme une naissance, un mariage heureux", a déclaré Pierre Lemaitre à l'AFP. "Ce que l'Académie Goncourt a bien voulu couronner, c'est un savoir-faire qui vient du polar, du roman populaire, et c'est une bonne nouvelle pour la littérature populaire", a-t-il ajouté, confiant avoir pleuré à l'annonce de sa victoire.
"Je suis très impressionné", a également reconnu le lauréat devant la presse. "Je suis devant une assemblée qui a couronné les plus grands écrivains français. Quelle reconnaissance supérieure pouvez-vous attendre ?"
Un "roman populaire, dans le bon sens du terme". Bernard Pivot, l'un des jurés Goncourt, a salué le lauréat Pierre Lemaitre, vantant "le mélange d'une écriture très cinématographique" dans ce "roman populaire, dans le bon sens du terme". Pierre Le maitre "écrit à la fois lentement et vite, parce qu'il prend son temps pour raconter un geste ou une action mais avec des mots fulgurants", a dit Bernard Pivot. Il a souligné l'importance du choix de l'après-guerre de 1914 comme contexte, qui montre que "l'horreur continuait" après la guerre dont on s'apprête à célébrer le centenaire.
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Le Renaudot pour Yann Moix. Dans la foulée, le prix Renaudot 2013 a été décerné à Yann Moix pour Naissance (Grasset), un ouvrage de près de 1.200 pages qui débute par la venue au monde de l'auteur, sous les insultes de ses parents. Naissance a été désigné par 6 voix au premier tour. Ont eu des voix Etienne de Montéty, pour La Route du salut (Gallimard), Charif Madjalani, pour Le dernier seigneur de Marsad (Seuil), et Romain Puértolas, pour L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (Le Dilettante).
"Je suis ravi", a réagi Yann Moix. "C'est le prix qu'on eut Georges Perec, Céline, Marcel Aymé. C'est vraiment un grand honneur et une très grande joie."