Les autorités et la direction du musée d’art contemporain d’Avignon n’avaient pas lésiné sur la sécurité, mardi matin au moment de la réouverture de l’établissement. Deux jours après la dégradation de deux oeuvres polémiques du photographe américain Andres Serrano, et au lendemain, surtout, de la réception par mail de près de 30.000 messages hostiles, et pour certains contenant des menaces de mort, un important dispositif avait été déployé devant le musée.
Le portail principal menant habituellement dans la cour de l'hôtel de Caumont est ainsi resté fermé, l'accès s'effectuant par une porte latérale plus petite où trois vigiles, employés en renfort par la direction, ont procédé à des fouilles de sacs. Aucune force de police en uniforme n'était visible aux abords du musée mais deux policiers en civil effectuaient ostensiblement des rondes et surveillaient les allées et venues des visiteurs dans la cour.
"Nous continuons notre métier"
"On ne fait pas de la provocation pour surjouer cet acte de vandalisme, au contraire", assure Eric Mézil, directeur de la collection Yvon Lambert, à Europe1. "Au nom de la liberté d’expression, nous continuons notre métier. Si on retire cette œuvre, demain ils vont demander d’en retirer une autre, et une autre, et on va avoir une liste. Dans les années 1930, en Allemagne, l’art dégénéré, ça a commencé comme ça."
Et Piss christ, le désormais célèbre tableau de la collection, est maintenant encadré par deux vigiles, et présenté en l’état, avec un trou béant. C’est principalement cette photographie, mettant en scène un crucifix plongé dans l'urine de l'artiste, qui a fait l'objet de vives protestations de la part de mouvements catholiques, en particulier intégristes, ces dernières semaines.