Ronchon, révolté, Michel Polac n'aura laissé personne indifférent au cours de sa longue carrière de journaliste, d'écrivain ou encore de polémiste. Après l'annonce de sa mort mardi, à l'âge de 82 ans, les hommages affluent.
"Avec Michel Polac disparaît un esprit original"
François Hollande a salué "l'exemple d'un homme libre et d'une figure de notre vie culturelle". "Tout au long de sa carrière, il nous aura fait partager sa passion pour les lettres, le cinéma et le théâtre", poursuit-il. "Avec Michel Polac disparaît un esprit original et un journaliste exigeant. Il aura marqué par ses émissions impertinentes et indépendantes, les esprits de millions d'auditeurs et de téléspectateurs", écrit le président de la République.
La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a également salué un "authentique pionnier de la télévision". "Michel Polac était une personnalité forte, un contestataire souvent contesté, qui impressionnait par sa verve et son humour décapant, mais aussi par sa passion pour le livre et sa capacité à défendre les nouveaux talents", souligne-t-elle. "L'homme engagé était aussi un écrivain prolixe qui savait admirablement nous faire partager son amour de la langue. Au sens le plus fort et le plus beau du terme, Michel Polac était un homme de lettres", conclut Aurélie Filippetti, par ailleurs également écrivain.
"Un homme authentiquement libre, un rebelle, un insoumis, profondément curieux de tout. Un homme de polémique et de culture à la fois"... L'ancien ministre socialiste de la Culture Jack Lang lui a également rendu hommage mercredi sur Europe1. "Il était bourré de talent, et il n'avait aucune prudence. Il disait les choses sincèrement. Il incarne parfaitement ce souffle de liberté qui a soufflé sur les médias après l'élection de François Mitterrand. D'ailleurs, quand on a repris la main dessus vers 1986/87, il a disparu", développe Jack Lang. "C'était un insoumis bien loin de la bien-pensance dominante d’aujourd’hui."
"Il faisait des émissions auxquelles il aurait aimé être invité"
L'animateur d'émissions culturelles, Bernard Pivot a lui aussi rendu hommage à son confrère sur le réseau social Twitter. "L'insolence de Michel Polac ne reposait pas sur son humeur, mais sur sa culture, ses lectures, ses études des dossiers et sa réflexion", écrit le journaliste, avant d'ajouter : "Le secret de Michel Polac, c'est qu'il faisait des émissions, d'actualité ou littéraires, auxquelles il aurait aimé être invité".
"Il était le gage de la liberté d'expression"
Un des derniers à avoir travaillé avec lui, Laurent Ruquier a lui aussi reconnu sur Europe 1 lui devoir "une partie du succès de mon émission" [On n'est pas couché, sur France 2, pour laquelle Michel Polac avait été chroniqueur, ndlr]. "Moi qui ai été bercé dans mon enfance par les fameux Droits de réponse, avec les scandales qu'on connaît, j'étais heureux de pouvoir travailler avec quelqu'un qui est pour moi une vraie figure de la télévision insolente et contestataire", a-t-il ajouté. "Il était le gage de la liberté d'expression", a encore écrit l'animateur sur Twitter.
Pour l'humoriste Guy Bedos, qui a souvent participé à Droit de réponse, Michel Polac "a introduit la liberté d'expression, en direct, librement, comme dans la vie, avec parfois les excès que cela peut impliquer". "Je suis de ceux qui ont vécu cela comme une libération, c'était la liberté absolue", a-t-il confié à Europe 1.
Le journaliste Jean-François Kahn s'est souvenu sur Europe 1 de la première émission de Droit de réponse à laquelle il avait participé. "Cette fameuse émission avec Gainsbourg qui soufflait dans un ballon et le mettait à la place de son sexe, des types complètement ivres sur le plateau... C'était une folie ! Le lendemain, c'est tout juste si j'osais sortir dans la rue", a-t-il raconté, rendant aussi hommage à sa "gentillesse", sa "douceur" et son "humanité". "Il a enrichi le pluralisme, et donc la démocratie".
Même son de cloche du côté de l'animateur MIchel Field, qui se présente comme l'un de ses héritiers. "Il a vraiment ouvert les portes et les fenêtres de la télévision", a-t-il expliqué à Europe 1. Soulignant le caractère "orgueilleux" de Michel Polac, il estime que "tous les gens qui font aujourd'hui de la radio et de la télévision en liberté lui doivent quelque chose".