C'est l'un des films les plus attendus de l'automne. Gone Girl, le dernier film de David Fincher, le réalisateur de Seven, de Fight Club ou de Millénium, sera sur les écrans le 8 octobre. Le film est adapté du roman Les apparences, de l'auteur américaine Gillian Flynn. C'est elle qui s'est chargée du scénario. Le pitch ? Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne découvre que sa femme, Amy, a mystérieusement disparu du domicile conjugal. Sous la pression de la presse à scandale, l'opinion fait rapidement de Nick Dunne le coupable idéal. Quant aux enquêteurs, les mensonges de Nick et la découverte d'une succession d'indices les amènent à suivre le même chemin. Le résultat sur grand écran est bluffant. Un drame conjugal qui bascule dans le thriller barré sur fond de satire des médias. On vous dit pourquoi on a adoré, en trois points.
Pour Ben Affleck, dans un rôle à contre-emploi. Pour interpréter le couple idéal qui va tomber les masques, David Fincher a fait appel à Ben Affleck et à Rosamund Pike. Dans un rôle à contre-emploi, l'acteur s'expose et se surpasse. L'homme chauve-souris du prochain Batman v Superman: Dawn Of Justice explore "l'homme à son plus faible, à son plus vulnérable", comme il l'a confié au magazine Première. Face à lui, Rosamund Pike livre une prestation remarquablement maîtrisée : la fameuse "Gone Girl" du film opère une transformation à l'écran, sur le plan physique notamment, à mesure que le regard du spectateur change. A noter encore, l'apparition d'Emily Ratajkowski, la star incendiaire du clip Blurred Lines de Robin Thicke, dans le rôle de la maîtresse, ou encore Neil Patrick Harris en amant particulièrement oppressant.
Pour la satire (habile) des médias. David Fincher se livre dans Gone Girl, à une violente critique à l'égard d'une certaine presse. Le film, souvent grinçant, souligne le pouvoir de manipulation des mass médias. L'avocat du mari délaissé pousse son client à retourner l'opinion en sa faveur, à briser l'image de femme parfaite d'Amy. La thèse est limpide : c'est l'opinion qui détient la clé de l'enquête. Les journalistes apparaissent toujours à l'écran sous les traits de femmes hystériques, aux comportements de requins et qui se repaissent du malheur d'autrui. Enfin la presse se montre harcelante et n'est jamais intéressée par la vérité. Dans la salle, la caricature, l'outrance, et surtout la charge du réalisateur, font mouche.
Pour l'ingéniosité de la construction. David Fincher déploie une fois de plus son sens aigu de la construction. En 2h30, le spectateur passe du drame conjugal au thriller absurde. Une fois mises en place les données de départ, les apparences, plus rien n'est stable. Le joli couple idéal vole en éclat, tout le monde ment et il faut toujours revisiter sa dernière croyance. Impossible de se calmer, on va, tendu de rebondissement en rebondissement, vers une issue dont on ne peut jamais deviner si elle sera tragique ou comique. La forme est soignée : on perçoit l'attention minutieuse portée à chaque plan, l'intensité d'un regard, l'étude précise d'un mouvement, le calcul d'un déplacement. "David Fincher est extrêmement précis sur les émotions qu’il veut faire ressentir au spectateur", a confié Ben Affleck à Première. Le jeu de piste, surprenant d'un bout à l'autre, se révèle jubilatoire.