Le quatrième Salon des lieux de tournage s’ouvre jeudi à Paris. Organisé par la Commission du Film d'Île-de-France et destiné aux professionnels, le Salon est l’occasion pour l’Etat et les organismes publics, 70 exposants au total, de convaincre les producteurs et les réalisateurs qu’ils pourront leur fournir le lieu idéal pour installer leurs caméras. La démarche a aussi une portée économique puisque ces locations permettent de remplir les caisses de l’Etat, grâce à l’exploitation du patrimoine. Un seul exemple, le cas de la RATP : Le Passé, d’Asghar Farhadi ou encore Jeune et jolie, de François Ozon deux films, marquants sortis en 2013, ont utilisé ses réseaux de transport pour certains plans. Mais évidemment, c’est payant et les pouvoirs publics l’ont bien compris.
En 10 ans, les choses ont beaucoup changé. Luc Bricault est premier assistant réalisateur sur des longs-métrages en France. Depuis une dizaine d’années, il parcourt le pays pour dénicher les décors précis que les réalisateurs lui réclament. Et pendant longtemps, confie-t-il au micro d’Europe1, " c’était un peu la débrouille. Pour louer un couloir d’hôpital avec une chambre, ça variait de 2.000 à 6.000 euros, il n’y avait aucune logique, c’était surtout du copinage", explique-t-il. Mais les choses ont considérablement évolué. Aujourd’hui il existe une grille qui détermine le prix, le temps de tournage, en fonction du nombre de personnes. L’Etat et les organismes publics se sont tout simplement aperçus qu’il y avait à portée de main une vraie ressource financière qui n’avait jamais été évaluée par personne. "Aujourd’hui, de nombreux cites, qui hésitaient autrefois à ouvrir leurs portes aux équipes de films, ont pleinement intégré cette opportunité de faire valoir leur image et de gagner de l’argent", explique Yann Marchet, du Salon des lieux de tournage. Une politique volontariste donc, qui a rapporté 10 millions d’euros à l’Agence du Patrimoine Immatériel de l’Etat, en 2013, selon le professionnel.
Une manne financière appréciable pour l’Etat. Aujourd’hui, tout est à louer. Il faut compter 10.000 euros par jour pour une porte d’embarquement à l’aéroport d’Orly, 45.000 pour un TGV, 146.000 euros pour louer l’ambassade de France à Rome pendant trois semaines. Et même l’Elysée a servi de décor au dernier film de Jamel Debbouze, La Marche, pour la scène d’arrivée. Aujourd’hui, chaque région emploie même des fonctionnaires chargés de décrocher de nouveaux tournages. Et les retombées économiques sont tangibles : interrogé par Europe 1, Marin Rosensthiel, qui effectue ce travail pour la région Languedoc-Roussillon, estime les bénéfices à plus de 4 ou 5 millions pour l’année 2013 dans la région, et sur ce chiffre, précise-t-il "la moitié concerne l’emploi." Preuve que l’Etat a finalement pris en compte cette manne, la quasi-totalité des exposants sont des organismes publics.
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