L'INFO. Peu d'artistes se voient dédier un musée de leur vivant. A 94 ans, Pierre Soulages, souvent présenté comme "le plus grand peintre français" vivant, a connu cette consécration vendredi dans sa ville natale de Rodez. Pour l'inauguration-événement de ce musée à vocation nationale et internationale, François Hollande a fait le déplacement.
Un musée ultra moderne. C'est à deux pas de la maison natale de Pierre Soulages qu'est sorti de terre le bâtiment qui domine Rodez et le paysage sauvage de l'Aveyron.
"Je suis d'ici et c'est là que sont nés mes premiers goûts", a confié le peintre à la journaliste d'Europe1 qui a pu visiter le musée en avant-première.
Tout en verre et en cubes d'acier dont les nuances évoquent le travail du peintre, le musée Pierre Soulages fait 1.700 mètres carrés. Sa couleur ocre rappelle la terre des bords de l'Aubrac. "Ma terre natale est double : c'est à Rodez que je suis né et c'est là que je suis né à la peinture", a confié l'artiste à Europe1.
Un écrin d'acier pour 500 œuvres. Peintures sur papier et sur toile, gouaches, eaux-fortes, lithographies, vitraux etc... la collection est à l'image du travail de Pierre Soulages : protéiforme mais monochrome. Car le noir est LA couleur que le peintre explore inlassablement depuis plus de sept décennies.
Au delà du noir. A ses débuts, Soulages travaille le noir en clair-obscur, puis ce sera en opposition à d'autres couleurs. En 1979, enfin, Pierre Soulages bascule au delà du noir, dans "l'outrenoir" : un noir épais, travaillé dans la matière en striant ou en raclant la peinture. Dans ce noir absolu, la lumière se réfléchit. "Le pot avec lequel je peins est noir. Mais c'est la lumière, diffusée par reflets, qui importe", précise le peintre.
Mais pourquoi le noir ? "Je ne suis pas venu au noir, il a toujours été avec moi", a expliqué Pierre Soulages au micro d'Europe1. "Enfant déjà, je préférais l'encrier aux couleurs", se rappelle-t-il tout de noir vêtu, comme toujours.
Une reconnaissance unanime. Pierre Soulages est reconnu internationalement tant par les institutions culturelles que par le marché de l'art et le public. En 2013, les ventes aux enchères de ses œuvres dans le monde ont totalisé 18,24 millions d'euros et fin 2009, sa rétrospective au Centre Pompidou a attiré un demi-million de visiteurs. "Beaucoup de gens ont pleuré devant mes toiles ", aime t-il raconter.
Un "grand" artiste dans tous les sens du terme... Cette reconnaissance ne semble pas lui monter à la tête. "Qu'est-ce que ça veut dire 'être le plus grand peintre' ?", ironise Pierre Soulages quand on lui pose la question. "C'est vrai : je fais 1,90 mètre, un peu moins maintenant car je me tasse".