Le 20 août dernier, Sylvain Tesson a fait une chute de dix mètres en tombant d'un chalet. Le journaliste est resté une dizaine de jours dans le coma. Mais "ça va beaucoup mieux", confie-t-il, avant de filer la métaphore : "Je suis en chantier de reconstruction et ça devrait aller très bien dans quelques mois." Malgré tout, il va faire une croix "sur l'alpinisme", lui qui avait l'habitude d'arriver chez ses amis par la fenêtre, après avoir escaladé la façade de leur maison. Le journaliste, invité mardi d'Europe 1, vient de sortir un livre, Bérézina, qui raconte son périple, en sidecar digne de "La grande vadrouille", entre Moscou et Paris.
L'aventure. Tout a commencé le 2 décembre 2012, soit 200 ans après la retraite de Russie. Pourquoi avoir roulé sur les traces de Napoléon ? Sylvain Tesson "était assez étonné par le relatif silence qui régnait. On ne s'intéressait pas trop à cette histoire de l'Empire, qui, il est vrai, est une défaite…Mais on aurait pu au moins apporter un salut à ces centaines de milliers de grognards de l'Empire napoléonien qui ont trouvé la mort dans les steppes et les forêts de Russie", explique l'auteur de Bérézina. Le journaliste, qui se défend d'être un "nostalgique", a donc décidé "avec quelques amis de refaire cet itinéraire, en s'appuyant sur les textes qui existent, et qui racontent la retraite." Napoléon, qui "a mis à feu et à sang l'Europe" avait malgré tout, selon Sylvain Tesson, "une dimension très littéraire". Le journaliste décrit ainsi "cet Empereur, ce petit type, né en Corse sous les châtaigniers, et qui tout à coup emmène son armée". Enfin, un autre aspect a compté pour Sylvain Tesson : "Jamais dans l'histoire de France, il y a eu un moment où le moindre garçon boucher, le moindre commis charcutier a pu devenir un maréchal d'Empire". Pour le journaliste, "les idéaux d'égalité de la Révolution ont ainsi été fantastiquement mis en pratique par Napoléon."
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Quelles impressions ? "On a été étreint par le caractère fantomatique de ce retour", raconte le journaliste. "On avait l'impression d'être entouré par ces morts, 400.000 personnes ont perdu la vie dans ces forêts, sur cette toute petite distance, entre Moscou et Paris. C'est 4.000 kilomètres", rappelle-t-il.
Sur les propos de Philippe Tesson, son père. Philippe Tesson, le père de Sylvain Tesson, a déclaré la semaine dernière que ce sont "les musulmans qui amènent la merde en France." Le parquet de Paris a ouvert lundi contre lui une enquête préliminaire pour "provocation à la haine raciale." Interrogé sur l'incident, son fils, Sylvain Tesson, a réagi : "Je vois très bien comment on pourra accréditer le fait qu'il s'agit d'une incitation à la haine raciale", explique-t-il, "dans la mesure où il parlait d'une religion, d'une philosophie religieuse, d'une vision du monde, d'une vision de civilisation et sûrement pas d'une race. Les musulmans ne sont pas une race, il y a des musulmans qui sont des Africains, des musulmans qui sont des Kirghizes, des gens qui viennent d'Asie centrale", a précisé Sylvain Tesson. Les propos de Philippe Tesson ne font pourtant pas cette distinction. "Mais il me semblait, que dans l'emportement que vous connaissez (celui de son père, connu pour ses prises de paroles dans les débats, ndlr) il y avait d'autres urgences que de réduire au silence quelqu'un qui s'est livré à un emportement."
Philippe Tesson a-t-il dérapé ? "Vous savez, le choc que nous avons tous ressenti depuis la tuerie de Charlie Hebdo, a été tellement important, en tout cas chez moi, qu'il n'y a plus vraiment de place pour d'autres indignations…", confie Sylvain Tesson. "Moi il se trouve que je hiérarchise mes indignations et les chocs qui me traversent. Alors quand j'ai vu la tuerie de Charlie Hebdo et l'enflammement d'une partie du monde musulman à la suite de la Une (du "Journal des survivants") bizarrement je ne ressens plus beaucoup d'indignation ni de choc quand j'entends des déclarations dont je sais très bien qu'elles ont probablement dépassé la pensée de quelqu'un qui use de la parole avec beaucoup d'enflammement."