Les horreurs de l'islamisme radical sont au cœur du film Timbuktu, du réalisateur d'origine mauritanienne et élevé au Mali, Abderrahmane Sissako. Le film, sur les écrans mercredi, est une fiction mais il s'inspire de faits réels. La ville de Tombouctou, au Mali, a été soumise pendant quelques mois aux lois radicales d'une coalition de groupes salafistes, Ansar Eddine ou encore AQMI, entre l'été 2012 et début 2013. En juillet 2012, dans la petite ville d’Aguelhok au Mali, un jeune couple est lapidé sur la place publique. Son unique faute ? Avoir eu des enfants hors mariage. Choqué par cet acte barbare, Abderrahmane Sissako a décidé de faire Timbuktu. "Je dois raconter dans l’espoir qu’aucun enfant ne puisse apprendre plus tard que leurs parents peuvent mourir parce qu’ils s’aiment", a-t-il expliqué. Le résultat, un film d'une rare puissance.
Le geste fort. "Le fil rouge de Timbuktu, c'est l'histoire d'un paysan qui vit un peu à l'écart de Tombouctou dans le désert et puisqu'il a tué accidentellement un pêcheur, il est jugé par les tribunaux islamiques", résume Bruno Cras, le spécialiste cinéma d'Europe 1. "Mais ce que l'on voit, ce sont tous ces jeunes hommes Djihadistes qui se baladent à moto à travers la ville, en appliquant de préceptes totalement absurdes, comme l'interdiction de jouer au football ou de faire de la musique." La population vit dans la crainte de ces hommes. L'auteur dénonce l'hypocrisie, l'absurdité de leurs préceptes, face à une population musulmane, qui a une foi sereine et qui en est la première victime. C'est un acte fort, plein d'humour et radical à la fois."
Découvrez un extrait du film :
"De toute beauté." Pour ne rien gâcher, le film est très esthétique. "Chaque plan du film est marquant", raconte Bruno Cras qui décrit un film "de toute beauté". Timbuktu rend notamment hommage aux paysages africains époustouflants. "C'est chorégraphique, c'est très beau", confie le journaliste, évoquant notamment une "très jolie séquence où de jeunes gens jouent au football, sans ballon."
La Palme d'or.Timbuktu dénonce très finement l'intolérance, l'obscurantisme religieux, et l'arbitraire. Pour Bruno Cras, "le film, présenté en compétition officielle au 67e festival de Cannes, aurait dû largement avoir la Palme d'or." C'est le très beau film Winter Sleep, du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, qui a décroché la récompense.