Ce ne sont pour l'heure que des rumeurs. A la veille du lancement du Fespaco de Ouagadougou, au Burkina Faso, l'un des principaux festivals du film africain, l'incertitude plane autour de la diffusion du film Timbuktu, sept fois césarisé. Le film, qui dénonce les exactions des djihadistes au Mali, pourrait être écarté pour des raisons de sécurité, affirmait mercredi le journal Jeune Afrique. Des rumeurs de déprogrammation prises néanmoins au sérieux par le réalisateur de Timbuktu, Abderrahmane Sissako.
"Consternation." Le réalisateur mauritanien a fait savoir, dans un communiqué, qu'il avait appris "avec consternation" la décision du Festival panafricain de "retirer" son film de la programmation. Pourtant ni les organisateurs, ni les autorités burkinabè ne se sont, pour l'instant, prononcés en ce sens. Abderrahmane Sissako "n'a jamais reçu de notification officielle sur le retrait du film", assure un proche de l'organisation. Une décision interviendra vendredi selon la même source.
Le retrait du film "en discussion". Selon un article publié mercredi par le journal Jeune Afrique, le film aurait fait l'objet de discussions "depuis plusieurs jours" à propos de son éventuelle déprogrammation. Le journaliste a toutefois ajouté une note à son papier le même jour : "Suite à la mise en ligne de cet article, la publication du communiqué qui devait annoncer officiellement le retrait de Timbuktu de la programmation du Fespaco a été reportée à demain. Sans démentir l'information, Ardiouma Soma, le délégué général du festival, nous a déclaré en fin de journée que la décision serait prise définitivement demain." A ce jour, on ne connaît toujours pas la position officielle du festival.
Des problèmes sécuritaires ? Le président burkinabè, Michel Kafando, s'est, lui, prononcé en faveur de la projection: "Quelque chose qui pourrait m'inciter à aller avec vous dans les salles de cinéma ces jours-ci, c'est si vous me promettez que vous allez diffuser le film Timbuktu", a-t-il déclaré jeudi. Mais d'autres voix, comme celle du ministre burkinabè de la Culture font entendre un autre son de cloche : "Il y a pas mal de problèmes sécuritaires qui se posent" autour de Timbuktu, a souligné Jean-Claude Dioma ajoutant toutefois "ne pas avoir eu vent de menaces sur le Burkina ou sur des quelconques intérêts" étrangers du fait du film. "Il y a des menaces partout où les islamistes pensent qu'on est en train de toucher à des aspects de leur croyance", a poursuivi le ministre burkinabè.
Fondé en 1969, le Fespaco se tient tous les deux ans au Burkina Faso. Au moins 12.000 festivaliers, dont 5.000 étrangers, sont attendus pour la 24e édition. D'une durée d'une semaine, le Fespaco se conclura le samedi 7 mars. La plus prestigieuse récompense ? "L'Etalon d'or de Yennenga".
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