Tintin est à nouveau au cœur de la tourmente. En cause ? L'un des célèbres albums d'Hergé, Tintin en Amérique. Des résidents de Winnipeg, dans le Sud Est du Canada, estiment que le livre véhicule une vision péjorative des autochtones. Dans cet album, le troisième des aventures de Tintin, sorti en 1931, les Amérindiens sont appelés des "peaux rouges", un terme qui reflète une vision colonialiste des rapports et considéré comme injurieux aujourd'hui. Les plaignants ont ainsi demandé à une librairie "Chapters" de retirer la bande dessinée de la vente.
Stéréotypes ? "Je crois que ça alimente les stéréotypes. Les Indiens sont présentés comme des êtres sauvages", dénonce Leslie Spillet, l'une des plaignantes interviewée par Radio Canada. "Dans cette histoire, les Indiens sont présentés comme des êtres sauvages et dangereux, des êtres que l'on doit craindre, tandis que Tintin apparaît comme un être sans défense", décrit-t-elle avant de dénoncer une vision qui fait "écho au racisme subi."
La BD retirée une journée des rayons. Les plaignants ont obtenu gain de cause seulement le temps d'une journée puisque la libraire a retiré le livre dimanche, avant de le remettre en vente, toujours selon Radio Canada : " La direction de Chapters a expliqué qu'un livre était retiré des rayons seulement s'il incitait à la violence, s'il contenait de la pédophilie ou s'il présentait des instructions sur la fabrication d'armes", précise la radio.
Un précédent. Ce n'est pas la première fois qu'un album de Tintin fait des vagues. Jugé raciste, Tintin au Congo avait été retiré des rayons "livres pour enfants" dans toutes les librairies britanniques Borders, en 2007. L'une des scènes de la bande dessinée montre notamment Tintin en mauvaise posture, bâillonné et placé dans une marmite par une tribu africaine.
Des lecteurs ont aussi pointé du doigt L'étoile mystérieuse, jugée négationniste et antisémite. La version originale de l'album, paru en 1942, mettait notamment en scène un méchant dont les traits correspondent aux caricatures de Juif que l'on trouvait couramment pendant la Seconde Guerre mondiale. Hergé en a lui-même atténué certains aspects après la guerre, rapporte le Figaro.