La musique adoucit les mœurs, mais aurait-elle aussi le pouvoir d'éloigner les maladies ? Imaginez un haut parleur, placé en hauteur, qui diffuse une douce mélodie… aux pieds de vignes. C'est ce procédé musical qu'a mis au point une société, pour soigner les ceps. Des concerts de quelques minutes, plusieurs fois par jour, permettraient en effet d'éviter le développement des maladies. Europe 1 s'est rendu dans les vignes du Château Beauséjour, dans la commune de Puisseguin, en Gironde, où le vigneron Gérard Dupuy utilise cette technique.
Concert…organique. Tous les matins, dans cette parcelle de 20.000 pieds de vignes, dans l'appellation Puisseguin-Saint-Emilion, pendant sept minutes environ, le fameux petit haut-parleur diffuse de la musique. Ce genre musical est même appelé : "protéodie". Un nom donné par un physicien à des airs capables de stimuler ou d'inhiber une protéine chez certains organismes vivants, pour doper leur résistance.
L'explication scientifique. "Le vivant est régi par des protéines. Les acides aminés qui composent une protéine émettent des fréquences transposables sur une partition audible", explique Hervé Bonnet, de l'entreprise Génodics, qui propose cette méthode. "Et quand on joue les notes correspondantes, dans l'ordre de la fabrication d'une protéine, on va stimuler sa synthèse par la plante. Si on joue dans un ordre inverse, ça va inhiber le pathogène, ou bien le champignon que l'on veut réduire", explique le professionnel.
Des résultats tangibles. C'est cette méthode qui a séduit le viticulteur Gérard Dupuy à la tête du château Beauséjour, une exploitation biologique. Il devait faire face à l'esca, un champignon qui peut tuer un pied de vigne en quelques heures à peine. Cette maladie, qui touche tous les cépages, est très difficile à endiguer. "C'est une maladie fongique. On voit une dégénérescence du pied en 48 heures", explique le vigneron, qui se dit "très content d'avoir investi dans ce matériel. Ça fonctionne très bien puisqu'actuellement, nous sommes à 0,05% de pertes", confie-t-il. Ce qui veut dire qu'avant, une centaine de pieds de vignes mourraient contre une dizaine seulement aujourd'hui, affirme le vigneron.