Un one man show tout en chinois, sans parler chinois !

A une semaine de la première, qui aura lieu au Palace à Paris le 7 avril, le comédien et sa traductrice sont au travail.
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REPORTAGE -

Patrick Veisselier a monté un one man show exclusivement en Chinois, sans parler la langue.  

C’est l’histoire d’un Lyonnais, qui voulait devenir plus Chinois qu’un Chinois. Tout a commencé autour d’un dîner entre amis, l’été dernier. La conversation tournait autour du métier d’humoriste et chacun se plaignait qu’ils soient de plus en plus nombreux. Et puis, à table, un ingénieur d’origine chinoise a soudain eu cette remarque : "c’est vrai que c’est drôle, la France est un petit pays et il y a énormément d’humoristes, alors qu’en Chine, on est 1,5 milliards et il n’y en a pas."

Eurêka. Patrick Veisselier saute sur l’occasion, d’abord  pour plaisanter : "humoriste chinois, moi je vais le faire !" Mais les autres le mettent au défi. Devenu "Patrick le Chinois" sur scène, il a donc conçu un one man show, entièrement en chinois. Le seul hic : il ne parle pas du tout la langue et n’a même jamais mis les pieds en Chine. A une semaine de la première, qui aura lieu au Palace à Paris le 7 avril, le comédien et sa traductrice sont au travail. Le plus dur ? La prononciation.

Regardez Patrick Veisselier, en pleine transcription du texte, en phonétique :

Un one man show tout en chinois, sans parler...par Europe1fr

Mais quelle idée ! Il le dit lui-même, il aimerait bien faire un petit saut dans le temps et se retrouver le lendemain de la première. Et quand on lui demande s’il regrette parfois, de s’être lancé dans un tel casse-tête (chinois), il éclate de rire et s’exclame : "mais tous les jours !" Son spectacle, il l’a écrit tout spécialement pour un public chinois, puis il l’a fait traduire. Maintenant, le plus dur, c’est de l’interpréter. Il reste peu de temps à l’humoriste et sa traductrice Chunjuan Jia Sauvage avant la première. D’ici là, elle lui lit le texte le plus doucement possible. Patrick Veisselier, munie de sa tablette, en retranscrit tous les sons, en phonétiques. Puis il apprend ce qu’il appelle "du yaourt", avec une seule contrainte : "que ce soit toujours le même yaourt", sourit-il.

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Ecrire pour les Chinois. Au départ, Patrick Veisselier a cherché à traduire en chinois un autre de ses one man shows, créé pour un public français. Mais très vite, il s’est aperçu que ce n’était pas possible. "Il n’y a pratiquement aucun point commun humoristique entre les vannes chinoises et les vannes françaises ", raconte-t-il. "Donc il a fallu écrire pour les Chinois, explique-t-il. "Le spectacle s’adresse soit à un public chinois, soit à des Occidentaux qui ont le regard tourné vers la Chine. Quand je parle de certaines traditions, j’explique toujours de quoi il s’agit, avant de faire la vanne et la chute. Donc, normalement ça s’adresse à tout le monde !"

C’est quoi l’humour chinois ? "Il y a un humour pratiqué en Chine, qui fonctionne autour de jeux de mots. C’est donc un humour que je ne pouvais pas faire moi, puisque je ne parle pas chinois", confie l’humoriste. "Donc je parle des traditions, et je m’adresse au public, comme si j’étais Chinois. Je raconte ma vie de Chinois." Patrick Veisselier a banni beaucoup de choses : "la vulgarité notamment, qui ne fait pas rire en Chine, et qui n’est pas bien vue. Je n’aborde pas non plus la politique. Exit enfin le second degré, qui ne fonctionne pas du tout là bas. J’ai donc créé mon spectacle spécifique autour de ces impératifs là."

Il teste ses gags. Pour écrire son spectacle, l’humoriste s’est inspiré des livres de Véronique Michel, une linguiste spécialiste des langues asiatiques, auteur notamment de La communication à la chinoise. Et pour être sûr de son coup, Patrick Veisselier va régulièrement tester ses blagues auprès de gens croisés à Paris, des Chinois bien sûr. "Mes gags marchent", affirme-t-il. Et d’ailleurs, après le Palace, "Patrick le Chinois" va même aller jouer son spectacle…en Chine. 

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