En 1986, il fallait attendre en moyenne 23 secondes avant d'entendre une voix dans une chanson. En 2015, ce chiffre est tombé à cinq secondes. C'est ce qui ressort d'une étude américaine menée par le doctorant en théorie musicale Hubert Léveillé Gauvin, à l'université d'Etat de l'Ohio. Avant de parvenir à cette conclusion, le chercheur a analysé les tubes figurant dans le top 10 du classement américain entre 1986 et 2015.
"Nous savons que la voix est l'une des choses qui attire le plus l'attention". Le temps avant d'entendre une voix accuse donc une chute moyenne de 78%. Dans son étude, Hubert Léveillé Gauvin attribue ce changement à l'émergence des plateformes d'écoute musicale en streaming. Celles-ci, Spotify en tête, donnent un accès instantané à des millions de morceaux. "Il est logique que dans un environnement aussi compétitif, les artistes veuillent essayer d'attirer votre attention aussi vite que possible", explique-t-il.
"Nous savons que la voix est l'une des choses qui attire le plus l'attention", poursuit-il, soulignant par exemple que les personnes souhaitant se concentrer écoutent généralement de la musique instrumentale.
Time after Time. Parmi les exemples cités, la comparaison entre Maroon 5 et la chanson Sugar (2015) avec Nothing’s Gonna Stop Us Now de Starship (1987). Pour le tube de 2015, il faut attendre moins de dix secondes avant d'entendre Adam Levine chanter, contre 22 secondes pour Starship.
Autres exemples, parmi des dizaines d'autres, les 31 secondes d'introduction de Smooth Criminal de Michael Jackson (1989) ou bien de Justify My Love de Madonna (1991).
Un phénomène "partiellement volontaire". Une étude parue en 2014 sur les habitudes d'écoute sur Spotify avait mis en évidence que 21% des chansons sont passées par les auditeurs durant les cinq premières secondes. Le raccourcissement de la musique instrumentale et l'accélération du rythme relèvent-ils d'une stratégie de la part des artistes ? "Je pense que c'est partiellement volontaire, mais il s'agit juste de s'adapter à votre environnement, que vous en soyez conscient ou non", répond l'auteur.
L'étude ne s'intéressant toutefois qu'aux plus gros succès, elle ne prend pas du tout en compte un pan entier de l'industrie musicale.