Dernier rebondissement dans l'affaire Anish Kapoor, le conseiller municipal de Versailles, Fabien Bouglé (divers droite), a déposé plainte contre l'artiste pour incitation à la haine raciale. Le plasticien, dont une sculpture "Dirty Corner", a été dégradée par des inscriptions antisémites dans le parc du Château de Versailles, a décidé de laisser l'œuvre en l'état, y voyant "un mémorial à notre honte". Une décision qui a déplu à l'élu.
Seconde dégradation. Le "Dirty Corner", l'œuvre du plasticien britannique Anish Kapoor, installée dans les jardins du château de Versailles, a été vandalisée pour la seconde fois dimanche, avec des inscriptions royalistes et antisémites. Après des jets de peintures jaune en juin, l'œuvre est cette fois recouverte d'inscriptions à la peinture blanche : "La reine sacrifiée, deux fois outragée", "SS Sacrifice Sanglant", "le deuxième VIOL de la Nation par l'activisme JUIF DEVIANT" ou encore "Juifs tradis et Kabbalistes: ce taré vous met en danger".
Ne rien retirer de ces insultes. Anish Kapoor fait part, dimanche, de sa stupéfaction et de sa grande tristesse, à l'annonce de cette nouvelle détérioration, évoquant des "gestes qui ont monté en puissance, de plus en plus destructeurs et haineux". L'artiste estime alors que les inscriptions doivent rester en l'état car, désormais, "ces mots infamants font partie" de l'œuvre. "Enlever le graffiti maintenant serait une erreur. Nous ne pouvons pas prétendre que ce n'est pas arrivé, c'est arrivé, alors regardons, et voyons ce que ça va donner", précise encore l'artiste au journal Le Monde.
Une plainte déposée. Pourtant, la décision n'est pas du goût de tout le monde. Le conseiller municipal de Versailles, Fabien Bouglé, estimant au contraire que les inscriptions doivent être effacées, a déposé mardi une plainte visant l'artiste et Catherine Pégard, présidente du château de Versailles, pour "incitation à la haine raciale, injures publiques et complicité de ces infractions".
"Mme Catherine Pégard, ainsi que M. Anish Kapoor reconnaissent la teneur parfaitement antisémite de ces inscriptions", indique-t-il dans sa plainte, déposée auprès du parquet de Versailles mardi. "Ces derniers ont donc parfaitement conscience de la gravité et du caractère potentiellement délictueux de la diffusion des inscriptions", ajoute l'élu, choqué que malgré cela, "M. Kapoor ait fait savoir qu'il tenait à maintenir l'ensemble des inscriptions sur son œuvre, soutenu en cela par Mme Pégard".
Anish Kapoor a besoin de temps. L'artiste a pourtant nuancé son propos mardi, estimant qu'il "avait besoin de temps pour décider de les effacer". "Ce ne sont pas seulement des graffitis, c'est un acte criminel", a-t-il ajouté en demandant que les auteurs de ces dégradations soient retrouvés et poursuivis.
En attendant, le château de Versailles a indiqué que des panneaux explicatifs liés à cette dégradation seraient mis en place.