"Artiste, c'est un métier ?" ou encore "La culture, ça coûte trop cher ?". Voici les questions placardées sur des affiches à Bordeaux, où la ville a voulu donner la parole aux citoyens en vue de son forum culturel. Une campagne qui provoque un tollé alors que la crise du Covid-19 touche particulièrement le secteur culturel, à l'arrêt depuis des mois. "C'est très grave", commente ainsi au micro d'Europe 1 Muriel Mayette-Holtz, directrice du théâtre national de Nice. "Cette question posée dans un français très approximatif témoigne d'abord d'une grande inculture, à un moment où tout le secteur culturel, les théâtres, les opéras et les musées sont fermés sans aucune perspective d'ouverture."
Une formulation "très insultante" selon les professionnels du secteur
"La question posée n'est pas : 'combien dépenseriez vous pour la culture ?', 'qu'est ce qui vous manque ?' ou 'qu'est ce que vous apporte la culture ?'", poursuit l'ancienne administratrice générale de la Comédie Française. "Dans la question, il y a déjà une réponse, qui sous-entend : 'est-ce que c'est bien utile de rouvrir ? Est ce que ce n'est pas trop cher ?'. Et aujourd'hui, poser la question comme ça, c'est une erreur."
Voilà la communication de la ville de Bordeaux sur la Culture en ce moment !!
— Franck Masquelier (@frmasquelier) April 9, 2021
Peut-il y avoir plus désastreux pour nos métiers ???
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"Cela fait maintenant plus d'un an que presque tout le secteur culturel est sinistré économiquement, mais beaucoup plus encore psychologiquement", abonde Laurent Petitgirard, compositeur et chef d'orchestre interrogé par Europe 1. "C'est très insultant de poser la question de savoir si la danse, le théâtre, ou la musique classique sont des métiers. C'est une exigence, avec des professionnels de très haut niveau, une maîtrise et un travail quotidien."
La mairie voulait "interpeler les Bordelais"
Interrogée par Rue89 Bordeaux, Claire Bouchareissas, directrice de la communication à la mairie de Bordeaux, rappelle pour sa part les "objectifs" de la campagne : "interpeller les Bordelais et les inciter à participer". "Sur le premier point, force est de constater que c'est réussi, mais malheureusement pas dans le bon sens."