Juliette Binoche a assuré lundi dans une interview au Monde ne s'être "jamais sentie en danger" quand elle travaillait avec le producteur américain Harvey Weinstein, accusé par plusieurs femmes d'agressions sexuelles, ajoutant toutefois avoir perçu qui elle "avait en face".
"Je sentais qui j'avais en face". "Quand j'ai travaillé avec Harvey Weinstein, je sentais qui j'avais en face", affirme la comédienne. "Le genre de type avec lequel je n'irai jamais m'amuser. J'ai déjeuné avec lui une fois en tête-à-tête dans sa suite, je n'ai pas senti de danger, mais je n'ai pas compris pourquoi il tenait à me voir", poursuit-elle. Harvey Weinstein a produit plusieurs films dans lesquels elle joue, dont Le Patient anglais, qui lui a valu l'Oscar du meilleur second rôle féminin et la consécration internationale en 1997, ou Le chocolat en 2001 pour lequel elle avait été nommée à l'Oscar de la meilleure actrice en 2001.
L'actrice assure ne pas "avoir lu grand-chose, si ce n'est, un peu, ce que certaines actrices ont déclaré", alors que les accusations d'agressions sexuelles contre le cofondateur des studios Miramax se multiplient. "J'ai été choquée par les faits les plus graves qui sont rapportés - à savoir que certaines d'entre elles accusent Harvey Weinstein de les avoir violées", dit-elle.
Weinstein, un mastodonte de la production à Hollywood. "À l'époque, je ne me suis jamais sentie en danger avec lui, car je pense que j'étais déjà armée. La seule fois où j'ai entendu une insinuation sexuelle verbale de sa part, je ne l'ai pas prise au sérieux, j'ai répondu immédiatement par un revers de balle hors jeu", poursuit-elle, rappelant aussi dans ce long entretien qu'elle a été victime d'attouchements sexuels à sept ans. "C'est un être complexe et tout aussi bizarrement attachant. Mais je savais aussi très bien quelle bête il y avait en lui", indique encore Juliette Binoche en parlant du producteur américain, pendant longtemps l'un des plus puissants à Hollywood.
Témoigner pour "réveiller les consciences". "Il y a peut-être des actrices qui sont plus influençables et moins préparées aux situations avec les gens de pouvoir, surtout quand on débute. Mais ce genre d'argument ne m'a jamais convaincu, peut-être parce que j'ai appris tôt à être responsable", estime-t-elle. Interrogée sur les centaines de milliers de témoignages apparus sur les réseaux sociaux, notamment sous le mots-clé #balancetonporc, elle répond: "Si cela peut aider à changer les consciences, pourquoi pas ? Aujourd'hui, de nombreuses personnes profitent de ce moment pour s'ouvrir, se délivrer d'un non-dit, peut-être que cela finira par réveiller les consciences !"