"L'une des plus belles croisières du monde". C'est peut-être pour cela qu'Alain Ducasse a décidé d'ouvrir un restaurant sur la Seine, baptisé "Ducasse sur Seine" et inauguré lundi dernier. "C'est un restaurant flottant", assure le chef étoilé au micro de Laurent Mariotte dans La table des bons vivants sur Europe 1.
"Ducasse sur Seine" propose "l'une des plus belles croisières du monde". Avec des menus à partir de 100 euros pour le déjeuner et 150 pour le dîner, Alain Ducasse promet à sa clientèle "un délicieux et savoureux voyage" : "Vous avez la chance de visiter Paris. C'est certainement l'une des plus belles croisières du monde."
Une belle croisière, et surtout écologique puisque le bateau sur lequel se trouve ce tout nouveau restaurant "est 100% électrique". "Pas de vibrations, pas d'odeur", assure Alain Ducasse. Cette conscience écologique, elle doit être partagée par l'ensemble des chefs cuisiniers aujourd'hui, estime-t-il : "Il faut qu'ils déclarent moins et qu'ils fassent un peu plus. Il y a ceux qui font et ceux qui parlent."
"Pour ne pas signer des contrats avec les gros de l'agroalimentaire, il ne faut pas les rencontrer." Alain Ducasse se place donc dans la catégorie de "ceux qui font". En revanche, il ne fait pas partie des grands chefs épinglés dans l'enquête menée par Franceinfo. Thierry Marx, Marc Veyrat ou encore Joël Robuchon ont prêté leur image et leurs recettes à des groupes industriels les utilisant ensuite pour commercialiser des plats préparés décriés.
"Pour ne pas être tenté de signer des contrats avec les gros de l'agroalimentaire, il ne faut pas les rencontrer. Les propositions financières sont certainement très séduisantes. Je n'ai jamais accepté de rendez-vous, c'est pour ça que je ne le fais pas. Je dois avouer que mes confrères le font tellement bien que je n'ai pas besoin de rentrer dans cette course", juge-t-il avec un léger sourire dans la voix.
Le questionnaire à la Proust d'Alain Ducasse
>>Quel est le premier plat que vous avez cuisiné ?
J’ai cuisiné un gâteau au chocolat. C’était une bûche de Noël, j’avais 12 ans. C’était pas mal déjà.
>>Enfant, faisiez-vous déjà des réflexions sur les plats que l’on vous servait ?
Ma grand-père n’avait pas une notion de temps précise et je lui disais : 'Grand-mère, tes haricots verts sont trop cuits'. Je la ramenais déjà !
>>Que ne laisseriez-vous jamais manger ou boire à vos enfants ?
Les boissons sucrées. Il faut enlever le sucre. Tout ce qui est sucré, gras, ils n’y ont pas accès. Je vous rassure, ils y ont accès quand ils vont chez les copains et les copines. Ils se rattrapent pour la semaine, avec une mauvaise barre chocolatée.
>>Vous cuisinez encore à la maison ?
Oui, bien sûr.
>>Qu’avez-vous fait dernièrement ?
Après être allé au marché, un très beau poisson. Je cuisine nature, de bonne taille, de bonne pêche, non écaillé, à peine vidé, enlever les ouïes, saisi très, très fort dans le four avec quelques herbes finement ciselées et un filet d’huile d’olive. C’est simplissime. Si vous avez un merveilleux poisson et si le poissonnier vous a bien recommandé, vous pouvez y aller comme ça.
>>Morue ou rouget ?
J’ai une passion pour le rouget et une passion pour la morue. Mais j’ai un plat que j’affectionne particulièrement parce que je le fais à Monaco et à Paris, c’est le stockfish. C’est faire sécher le poisson, le mijoter avec des vessies natatoires pour amener le moelleux. C’est une certaine idée du goût de la Méditerranée française et en particulier niçoise.
>>Sushis ou burger ?
Sushis.
>>Votre goût inavouable ?
Quand j’étais plus jeune, les barres chocolatées Kit Kat.
>>Le mot de la faim ?
Délicieux. Ça revêt beaucoup d’aspects. Délicieux, le moment. Délicieux, ce que vous êtes en train de manger. Délicieux, les échanges que vous avez avec vos invités. C’est un mot qui résume assez bien l’objectif que je poursuis de rendre vos moments délicieux.