Barbara, de Mathieu Amalric, sur la "dame en noir" disparue il y a vingt ans, a remporté le prix Louis-Delluc 2017, a annoncé vendredi Gilles Jacob, président de cette récompense considérée comme le "Goncourt du 7e art". "C'est un film qui nous a beaucoup touchés par sa justesse", a déclaré Gilles Jacob à la presse, saluant "une biographie très réussie". Mathieu Amalric, a-t-il ajouté, "est arrivé à quelque chose de très difficile: reconstituer l'univers d'une chanteuse et à l'incarner".
"Barbara" met en scène une actrice possédée par le personnage qu'elle doit incarner et un réalisateur interprété par Mathieu Amalric lui-même, envoûté par l'interprète de "'L'Aigle noir", "Nantes" ou "Göttingen", disparue en 1997. Le film présenté cette année à Cannes, en ouverture d'Un Certain regard, bouleverse les codes du biopic et entraîne le spectateur dans un tournis avec Jeanne Balibar livrant une double performance de chanteuse et d'actrice.
Avec des archives vidéos de son personnage, Brigitte l'actrice (Jeanne Balibar) travaille la voix, les chansons, mais aussi les attitudes et gestes familiers de Barbara. Parallèlement, le spectateur suit dans ses recherches le réalisateur rapidement ensorcelé par son sujet. Dans ce film, Jeanne Balibar étonne par un jeu qui la transforme physiquement en Barbara, jusqu'à maîtriser le débit de la mythique chanteuse quand elle parlait.
Créé en 1937, le Prix Louis-Delluc, surnommé le "Goncourt du cinéma", récompense le meilleur film français de l'année. Le jury est composé d'une vingtaine de critiques et personnalités, sous la présidence de l'ancien patron du Festival de Cannes. Le prix avait récompensé l'an dernier "Une vie" de Stéphane Brizé, adaptation à l'écran du classique de Maupassant.