C’est l’un des événements de la rentrée littéraire. Michel Houellebecq publie un nouveau livre, un recueil d’essais nommé Interventions 2020, qui sort mercredi en librairies. Aussi acclamé que controversé, l’auteur de Sérotonine fascine autant qu’il agace. Son ami et écrivain Frédéric Beigbeder est revenu mercredi matin sur Europe 1 sur les raisons du "phénomène" Houellebecq et ses prises de positions politiques de plus en plus marquées ces dernières années.
"Si jamais on doit diviser le monde en deux catégories, les progressistes et les conservateurs, il est plutôt dans cette deuxième. Il fait partie des gens qui se disent que le progrès n'est pas nécessairement quelque chose de positif", a jugé Frédéric Beigbeder. "On constate la destruction de beaucoup de valeurs, beaucoup de beauté autour de soi et l'enlaidissement, l'abrutissement, la montée de la violence. Je peux concevoir qu'on ait envie de conserver ce qui peut encore l'être."
"Il est provocateur et n’aime pas aller dans le sens du vent"
Dans son dernier livre, Michel Houellebecq prend la défense de Donald Trump et va jusqu’à estimer qu’il est l’un des meilleurs présidents de l’histoire des États-Unis. "Je crois qu'il est assez provocateur et qu'il aime bien ne pas aller dans le sens du vent. Par ailleurs, il est libre de soutenir qui il veut. Je crois qu'il n'est pas fanatique de l'Amérique en général, donc peut-être qu'il estime que quelqu'un comme Trump est un bon représentant pour ce pays", a estimé Frédéric Beigbeder.
"Mais je pense que c'est un auteur qui est devenu conservateur au sens étymologique, c'est-à-dire qu'il cherche à sauver ce qui peut encore l'être. Je pense que la situation actuelle lui donne un peu raison. Nous vivons une époque où l'idée d'être réactionnaire est malheureusement devenue un signe d'intelligence", a poursuivi l’auteur de 99 Francs.
"Il arrive à mesurer les mouvements de la société"
Pour Frédéric Beigbeder, le succès de Michel Houellebecq trouve avant tout sa source dans sa capacité d’analyse de la société moderne. "Il a une manière très laconique de décrire le désespoir contemporain et la difficulté d'être un homme dans cette époque. Je pense qu'il a vu beaucoup de choses qui peuvent se vérifier", a-t-il assuré. "C'est quelqu'un qui sent vraiment les changements sociologiques, ce qui est surprenant parce qu'il a une formation d'ingénieur agronome. Ce n'est pas vraiment un sociologue, mais il arrive à mesurer les mouvements de la société", a poursuivi l’écrivain.
"Dans Interventions 2020, le plus intéressant n'est peut-être pas le fond de ce qu'il dit, mais la façon dont il l'écrit. Comme si quelqu'un dictait des pensées un peu visionnaires, un peu angoissantes aussi, qui s'avèrent parfois prophétiques."