Bernard Pivot, ni écrivain, ni critique mais «un journaliste littéraire extrêmement rieur», se souvient Éric-Emmanuel Schmitt

  • Copié
/ Crédits photo : ROMAIN LAFABREGUE / AFP / JAKUB PORZYCKI / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP , modifié à

Invité d'Europe 1 Matin ce mardi, Éric-Emmanuel Schmitt, écrivain et membre de l'Académie Goncourt, rend hommage à son camarade Bernard Pivot, décédé lundi à l'âge de 89 ans. Resté dans les mémoires avec un livre à la main et ses lunettes dans l'autre, il était le présentateur emblématique de l'émission culturelle "Apostrophes".

C'est celui que toutes les rédactions appelaient pour réagir à la mort d'un grand écrivain. Ce lundi, c'est lui qui s'en est allé. Bernard Pivot , présentateur emblématique de l'émission littéraire Apostrophes et journaliste spécialisé dans la littérature, est décédé à l'âge de 89 ans. Resté dans les mémoires un livre à la main et ses lunettes dans l'autre, Bernard Pivot avait également présenté l'émission Bouillon de culture et organisé à partir de 1985 les Dicos d'or, championnat d'orthographe vite devenu international . Entré à l'Académie Goncourt en 2004, il en était devenu le président en 2014 et s'en était retiré fin 2019.

"L'envie de rire"

Malgré sa lutte contre plusieurs maladies, "il avait toujours l'œil qui brillait, la curiosité, l'envie de rire, parce que c'était quelqu'un qui était extrêmement rieur. Il ne riait pas en se moquant : c'était un rire un peu tendre pour dire vraiment, 'on est tous des cons, on est tous un peu minables'. C'était un rire attendri par rapport à l'humanité. C'était un rire très chaleureux", se remémore Éric-Emmanuel Schmitt, écrivain et membre de l'Académie Goncourt, invité d'Europe 1 Matin ce mardi.

L'auteur de La traversée des temps, il se souvient d'un camarade humble, qui ne voulait ni être qualifié de critique, ni d'écrivain mais de "journaliste littéraire". "Ça voulait dire qu'il s'intéressait à l'actualité littéraire et qu'il savait écrire parce qu'il devait être un bon journaliste. Alors il a vraiment apporté beaucoup de choses au Goncourt. Il a vraiment coupé les liens incestueux qu'il y avait entre certains jurés et des maisons d'édition", développe-t-il.

Un homme de devoir

"C'était un homme de devoir. C'était un homme qui ne s'aimait pas beaucoup lui-même. C'était quelqu'un d'infiniment modeste. Il disait 'je ne suis pas intelligent, je ne suis pas un intellectuel, je ne suis pas un écrivain'. En fait, il se définissait modestement comme un passeur, un passeur d'intelligence, un passeur de culture", complète Éric-Emmanuel Schmitt, qui confie avoir découvert de nombreux auteurs contemporains grâce à Bernard Pivot.

"Je pense que ça a même joué dans mon destin dès l'enfance", conclut l'écrivain au micro de Dimitri Pavlenko. Et partout en France, les hommages se sont succédé pour honorer le travail de Bernard Pivot.