Après son incursion dans le comique avec la mini-série P'tit Quinquin, revoilà Bruno Dumont. Le réalisateur français livre, avec Ma Loute, en sélection officielle au festival de Cannes et en salles depuis le 13 mai, une nouvelle comédie dramatique avec la Côte d'Opale en toile de fond. Bien loin des sentiers cinématographiques sur lesquels les spectateurs avaient pu le connaître.
"J'ai mis beaucoup de temps à trouver mon rire". Bruno Dumont le concède dans Europe 1 social club : depuis sa mini-série puis aujourd'hui avec Ma Loute, le regard sur ses précédents films risque de changer. "Je pense qu'on les voit différemment", affirme le réalisateur de La Vie de Jésus ou encore Hadewijch. "J'ai mis beaucoup de temps à trouver mon rire", confie-t-il, "j'ai toujours pensé que je devais le chercher ailleurs, mais en fait, je l'avais sous les pieds".
Dans Ma Loute, de mystérieuses disparitions affolent la région de la Baie de la Slack et l'enquête est confiée à un duo d'enquêteurs improbable. L'occasion de dérouler un véritable théâtre de l'absurde, avec comme têtes d'affiche Fabrice Luchini, Juliette Binoche ou encore Valeria Bruni Tedeschi.
"Je suis dans une veine expressive". Si Bruno Dumont fait aujourd'hui rire, il n'en délaisse pas pour autant sa singularité. Le réalisateur est toujours à la limite, entre deux excès qu'ils travaillent grâce à des variations de genre - ici le drame et la comédie. "Je suis persuadé que le drôle est au bord du drame", explique Bruno Dumont. "Je suis dans une veine expressive, le réel ne m'intéresse pas tellement", indique le réalisateur.
Et un des meilleurs moyens pour sortir du naturalisme, c'est de miser sur le grotesque. "Je pense que le cinéma doit donner une vision de nous-mêmes qui est accentuée, comme dans la peinture (...) Et le grotesque c'est ça : appuyer, exagérer. C'est très visible, on rit tout de suite", assure Bruno Dumont.
"Fabrice avait peur". Pour Ma Loute, les acteurs ont dû accepter de se mouvoir dans un registre plutôt éloigné de leur standard habituel. Une vraie prise de risque. "Fabrice (Luchini, ndlr) avait peur, c'était peut-être le plus craintif", révèle le réalisateur. "C'est en le tordant, en le vrillant, qu'il a trouvé la bonne note", estime Bruno Dumont.
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