"Le Point" publie jeudi un sondage sur les séries préférées des Français selon la proximité avec un parti politique. S'il est impossible d'assigner une série à un parti, quelques enseignements émergent néanmoins, comme la popularité des oeuvres contestataires dans un paysage politique fragmenté.
Aime-t-on regarder Breaking Bad quand on est sympathisant du Rassemblement national ? Regarde-t-on avec assiduité les aventures de Capitaine Marleau lorsqu'on glisse un bulletin PS dans l'urne ? Apprécie-t-on autant Malcolm que Macron ? Pour avoir des réponses à ces questions sur les séries préférées des Français selon leur proximité politique, Le Point a commandé un sondage à l'Ifop, à paraître dans le nouveau numéro du Point Pop, jeudi. Et cette enquête ne manque pas d'enseignements sur les liens entre visionnage des séries et positionnement politique.
La Casa de Papel au sommet
C'est sans conteste l'enseignement principal de cette enquête : La Casa de Papel plaît à tout le monde, peu importe la proximité politique. La série espagnole de Netflix, qui dépeint une rébellion envers le système bancaire, arrive en première position chez les sympathisants EELV, LREM, LR et RN, chez les soutiens des "gilets jaunes" comme chez leurs détracteurs. Elle n'obtient jamais moins de 6,5 sur 10 dans les catégories sondées. Comment l'expliquer ? "Il y a une signification politique sur l'état d'esprit actuel de l'opinion et sa défiance envers les institutions", estime Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'Ifop, interrogé par Le Point.
Les séries contestataires ont la cote
Au sein du panel de plus en plus larges de séries contestataires ou catastrophistes, il n'y a pas que La Casa de Papel qui plaît aux personnes majeures interrogées dans ce sondage. Game of Thrones se place très haut chez bon nombre d'électeurs de différentes sensibilités. La série est 5e chez les sympathisants de La France insoumise, 4e chez ceux du Parti socialiste, 4e pour EELV, 3e chez LREM, 5e du côté de LR et enfin 2e pour les personnes se disant proches du Rassemblement national.
" On ne peut pas parler de séries de gauche et de droite "
On retrouve également Breaking Bad assez haut dans certains classements, comme chez les sympathisants de La France insoumise (1ère), ceux de EELV (3e), ou les soutiens des "gilets jaunes" (4e). En revanche, plus on se rapproche des soutiens de la majorité gouvernementale et moins les sombres aventures de Walter White plaisent : Breaking Bad est 9e chez les opposants aux "gilets jaunes", 11e chez Les Républicains et 14e pour les sympathisants de La République en marche.
Les électorats âgés privilégient le service public
Que préfère-t-on, justement, au sein des électorats plus âgés que séduisent Les Républicains et le Parti socialiste ? Dans l'article du Point, Jérôme Fourquet note que ces sympathisants sont plus attirés par Les Petits meurtres d'Agatha Christie, par exemple : "On est sur le public de France 2, relativement âgé, et on retrouve d’ailleurs cet effet d’âge dans le classement par familles politiques", explique Jérôme Fourquet dans le hors-série de l'hebdomadaire.
"On est très fan (de cette série) au PS, chez les Marcheurs et les Républicains qui ont un électorat âgé, et moins chaud chez les Verts, les Insoumis et au Rassemblement national, dont les électorats sont en moyenne plus jeunes et plus contestataires", observe le politologue. C'est aussi le cas pour le Capitaine Marleau interprété par Corinne Masiero, série aux audiences considérables sur France 3 et programme préféré des sympathisants socialistes.
Un classement qui recoupe les clivages sociologiques ?
Peut-on finalement dire qu'un électeur aime telle série parce qu'il vote pour tel parti ? Pas vraiment. "On ne peut pas parler de séries de gauche et de droite : ce sont davantage des clivages générationnels et sociologiques qui opèrent", tranche Jérôme Fourquet. Cela se traduit, comme l'observe le journal, par un classement assez haut d'une série comme Dix pour cent, ayant pour cadre le monde très urbain des agents artistiques, chez les électorats LREM et EELV, sur-représentés dans les métropoles.