A la manufacture des œillets, Charles Berling jouera du 12 au 22 octobre La solitude des champs de coton. Lui même directeur du théâtre Liberté à Toulon, le comédien amateur de voile a donc une nouvelle fois choisi les planches. Invité dans l'émission d'Isabelle Morizet, l'acteur a raconté son approche ambiguë avec le cinéma.
"Pas le jeune premier parfait". Il a connu d'irrésistibles succès sur grand écran, comme Le Prénom, ou encore Ridicule en 1996, long-métrage de Patrice Leconte qui a raflé quatre César. Pourtant, l'acteur a un rapport quelque peu distancié avec le cinéma, une sorte d'amour-haine. D'abord, il y est venu tard, vraiment à partir de 35 ans. "J’avais la chance de faire des rôles magnifiques au théâtre et ce qu’on me proposait au cinéma ne m’intéressait pas trop. J'avais le sentiment de faire de l’art quand les autres faisaient du business. Je n’étais pas non plus le jeune premier parfait", explique-t-il.
"C'est difficile de se regarder". Il loue aussi l'immédiateté du théâtre : "On vit les choses au présent. Le cinéma vous jouez, c’est pris dans les circuits de diffusion, ça vous échappe beaucoup plus que le théâtre. C’est fantastique parce qu’il y a un lâcher-prise, il faut se laisser aller entre les mains d’un réalisateur, d’une équipe, des images qu’on ne doit pas vouloir contrôler, mais si c’est tout le temps, ça peut rendre fou. Il y a une mesure à vivre tout le temps dans la fiction. On peut ne plus exister que par l’apparence de soi-même", ajoute-t-il, soulignant aussi le fait que la caméra "grossit tout le temps", et qu'il montre un acteur tel qu'il ne se voit jamais, de dos, en train de marcher. "C’est difficile de se regarder", conclut-il, sans toutefois pouvoir renoncer à cet art qui l'a aussi beaucoup servi. "C'est formidable de pouvoir mélanger les deux. C’est comme avoir une fille et un garçon."
Comment Charles Berling s'est fait reformer du service militaire
Il le sait, c'était mal. Mais l'acteur a tout fait pour échapper au service militaire, obligatoire à son époque. Et il a réussi. "Il fallait se faire passer pour fou." L'acteur décrit alors la marche qu'il fallait suivre : "Vous vous montrez particulièrement asocial pendant trois jours et à l’issue de ça, on vous demande si vous voulez voir un psychiatre et vous dîtes oui. J’ai demandé à voir le psy et instinctivement, je ne lui mentais pas vraiment. Je lui disais les choses en exagérant un peu, en poussant mes relations avec mes parents, en ne prenant que l’aspect négatif de ce que je vivais et comme je partais vraiment de moi-même, c’était sincère. Je laissais libre court à mes penchants les plus inavouables. Ça rapproche de l’art dramatique."