Six mois après les attentats, Charlie Hebdo est toujours convalescent. Huit personnes qui travaillaient pour l'hebdomadaire, dont cinq de ses dessinateurs, ont été tués le 7 janvier. Quatre autres, parmi lesquelles Riss, le nouveau directeur de la rédaction du journal satirique et le journaliste Philippe Lançon, ont été grièvement blessés. Après le choc, les pleurs et les départs, comme celui du dessinateur Luz qui a annoncé vouloir quitter le journal en septembre, Charlie Hebdo veut à présent relever la tête.
"Un journal toujours transitoire." "On a le cul entre deux chaises au bout de six mois", a confié Riss, le patron du journal. Quant au journaliste Laurent Léger, il "se demande chaque semaine comment l'équipe parvient à faire le journal, "mais on y arrive", se réjouit-il. Le journaliste évoque "un journal toujours transitoire, qui n'est pas encore refondé".
Changement de locaux avec "panic room". Hébergé depuis janvier dans l'immeuble de Libération, près de la place de la République à Paris, la rédaction doit emménager en octobre dans des bureaux ultra-sécurisés du XIIIe arrondissement de la capitale. Les travaux en cours, réalisés avec des conseillers de la police, prévoient notamment une pièce blindée (également appelée "panic room") et un système de sas, selon Riss. "Ça fait du bien de changer de locaux. Même si on est très bien à Libé, c'est lié à l'événement. On a envie d'être dans notre bordel à nous", a réagi le dessinateur. "Tout sera neuf. On ne gardera rien du tout. Juste les archives. Il faut qu'il n'y ait aucune trace."
Une nouvelle maquette et un retour sur le web. La maquette de l'hebdomadaire, qui se vend désormais à 120.000 exemplaires et compte 220.000 abonnés, va être repensée. L'équipe prévoit aussi une refonte de la version numérique du journal qui avait, depuis les attentats, disparu du web. "On va remettre Charlie sur le Net, les tablettes, les téléphones", explique Riss pour qui "c'est important, maintenant que les jeunes découvrent les choses sur le net".
Une nouvelle répartition de l'actionnariat. La répartition de l'actionnariat doit également être revue après l'été "en faisant rentrer d'autres salariés", a expliqué Riss. Même si "tout le monde ne rentrera pas" et qu'il ne sait pas encore comment les actions vont être réparties, "ce sera des vrais actionnaires, pas symboliques", prévient-il.
Actuellement, le titre est détenu à 40% par les parents de l'ex-directeur de la rédaction, Charb, tué dans l'attaque, à 40% par Riss et 20% par le directeur financier, Eric Portheault.