L'artiste contemporain expose au Château de Versailles dès le 9 juin. Certains voient dans ses installations un caractère sexuel mal à propos dans un tel lieu.
On se souvient du plug anal géant vandalisé sur la Place Vendôme. Cette fois, c'est l'artiste contemporain Anish Kapoor qui pourrait bien se retrouver au centre d'une polémique similaire. Le plasticien britannique exposera ses œuvres au Château de Versailles dès le 9 juin prochain. Mais alors que l'exposition n'a pas encore ouvert ses portes, ses détracteurs s'insurgent déjà sur le web, voyant dans certaines de ses œuvres gigantesques, une symbolique sexuelle dérangeante dans un tel lieu.
"Anish Kapoor n'a jamais employé le mot 'vagin'. Des formes souvent incurvées, des couleurs vives ou des matières réfléchissantes. La portée sexuelle ne saute pas immédiatement aux yeux devant ces œuvres monumentales. Pourtant l'artiste lui-même la revendique. Dans un article du JDD daté du 31 mai, Anish Kapoor décrit un canon qui tire 5 kg de cire dans la salle du jeu de Paume comme "un symbole phallique évident pour une installation controversée qui interroge sur la violence de notre société contemporaine" ou encore une sculpture "à connotation sexuelle : le vagin de la reine qui prend le pouvoir". Au château de Versailles sur ce point, on rectifie fermement : si cette œuvre, appelée le "Dirty corner" peut effectivement "laisser libre cours à des interprétations variées, l'artiste n'a jamais employé le terme de 'vagin'."
Les critiques les plus virulentes viennent des sites d'extrême droite ou traditionnalistes. La bloggeuse Caroline Artus signe notamment sur le site nationaliste bvoltaire.fr un article intitulé : "Anish Kapoor à Versailles : pour la balade en famille, on repassera !" On peut encore lire quelques commentaires outrés sur Twitter, où certains appellent au boycott de l'exposition et où d'autres évoquent un Château de Versailles livré à "une nouvelle ignominie".
Versailles poursuit son aventure avec l'art contemporain. Cette intrusion de l'art contemporain dans le château n'est pourtant pas nouvelle, mais elle fait à chaque fois grincer des dents. Que ce soit l'artiste américain Jeff Koons et son homard gonflable en 2008, le Japonais Takashi Murakami en 2010 ou encore la plasticienne portugaise Joana Vasconcelos et sa paire d’escarpins géants installée dans la Galerie des Glaces en 2012, tous ont essuyé la même pluie de vives critiques. Malgré tout, certaines œuvres n'entrent pas à Versailles. En 2012 justement, la présidente du château n'avait pas voulu intégrer l'une des œuvres de Joana Vasconcelos, intitulée La Fiancée : un gigantesque lustre réalisé à partir de tampons hygiéniques.
Au service de presse du Château de Versailles, on nous explique que l'art contemporain est entré en 2008 au château et qu'il y a "à chaque fois des mécontents". On estime aussi que "les gens doivent être libres de faire de l'art contemporain mais aussi de le critiquer."