La France a donné au septième art nombre de ses grands noms et pourtant, les réalisateurs de toutes nationalités ont déserté le pays pour leurs tournages ces dernières années. En cause ? Un budget trop serré. C'est Luc Besson qui a tiré la sonnette d'alarme en 2015 en annonçant qu'il n'allait pas pouvoir tourner son nouveau film en langue anglaise, Valerian, dans l'Hexagone. La ministre de la Culture de l'époque, Fleur Pellerin, avait alors réagi en élargissant les conditions d'accès au crédit d'impôts. Un an après, Europe 1 a enquêté sur les effets de cette nouvelle législation plus favorable.
Le crédit d'impôts, à quoi ça sert ? Il permet aux productions de récupérer 30% de leurs investissements en salaires, transports, hébergement etc. Par exemple, Michel Hazanavicius, réalisateur de The Artist, a prévu un budget d'un peu plus de dix millions d'euros pour son nouveau film, Le redoutable. Grâce au crédit d'impôts, il va pouvoir récupérer entre deux et trois millions. Un retour sur investissement indispensable pour pouvoir boucler son budget.
"C'est vrai que sans le crédit d'impôts, je pense qu'il ne pouvait techniquement se faire qu'à l'étranger, en Hongrie ou en Roumanie" par exemple, explique la productrice Florence Gasteaud. "Même la Belgique était encore trop chère avec son crédit d'impôts." Car ces pays sont très compétitifs en matière de tournages, notamment grâce à des charges sociales bien moins élevées qu'en France.
La France attire-t-elle plus de tournages ? La France est effectivement devenue plus attractive. Luc Besson le premier est revenu tourner son film Valerian dans l'Hexagone après la mesure. Et il n'est pas le seul. Bollywood a ainsi posé ses caméras en France, tout comme les réalisateurs Christopher Nolan et Michael Haneke. Des superproductions chinoises sont même venues jusqu'en France. Mais puisque le but de la première loi était de protéger les tournages de films français en langue française, l'objectif est atteint puisque les Français ont eux aussi relocalisé leurs productions.
La création de 10.000 emplois. Les effets de ce crédit d'impôts sont déjà visibles. "En 2016, pour l'instant, on est à plus de 40% d'activité par rapport à l'année dernière", détaille Florence Philbert dirige l'Ifsic, l'institut pour le financement du cinéma. Ce qui représente pas moins de 10.000 emplois directs ou indirects supplémentaires en France. "On a vu effectivement des films se repositionner, attendre en termes de calendrier, le début de l'année 2016 et on a eu des contacts avec des producteurs qui ont effectivement rapatrié leur production en France", poursuit-elle.
Les professionnels ont fait les comptes : 350 millions d'euros supplémentaires ont été investis dans les tournages en France depuis le début de l'année 2016. Le retour sur investissement est donc plutôt avantageux puisque pour un euro rendu par l'Etat aux productions, une dizaine d'autres sont réinvestis dans l'économie. Un bon calcul pour une mesure qui coûte environ 50 millions d'euros par an à la France.