Et si la musique devenait le témoin du dérèglement climatique ? C'est le pari un peu fou d'un orchestre symphonique, qui donnera samedi soir un concert à la Philharmonie de l'Elbe à Hambourg, avec un programme très particulier. Il s'agit d'une une adaptation des Quatre Saisons de Vivaldi, partition revisitée pour "tenir compte du changement climatique" et le "rendre audible". Elle a spécialement été rebaptisée For Seasons ("Pour les saisons") au lieu de Four Seasons ("Les Quatre saisons").
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À l'écoute, l'oeuvre de Vivaldi sonne de manière étrange. Les notes imitant le chant des oiseaux ne sont plus là et les passages harmonieux sont devenus chaotiques, par le talent et un travail long de six mois d'une équipe composée d'informaticiens et d'arrangeurs musicaux. Les données climatiques ont été fournies par des instituts de recherche et des agences de l'environnement. Concrètement, le son a été modifié par des algorithmes.
Un son modifié par des algorithmes
Dans cette nouvelle partition, on peut donc entendre l'augmentation de la température mondiale, la fréquence des météorologiques extrêmes et leurs conséquences, notamment l'extinction de certaines espèces d'oiseaux et d'insectes. "For Seasons démontre clairement les conséquences du changement climatique et ajoute une dimension émotionnelle au débat controversé actuel. Nous ne devons plus refuser d'écouter", explique Alan Gilbert, le chef d'orchestre.
En 1725, Vivaldi avait joint à sa partition des poèmes décrivant la nature, qu'il avait lui-même réalisés. "Voici le printemps que les oiseaux saluent d'un chant joyeux", écrivait-il ainsi à propos de la plus bourgeonnante des saisons. Les Quatre Saisons version 2019 sont nettement moins bucoliques.