Au moment de remiser sa caméra au placard, en 2011, Ettore Scola, mort mardi soir à 84 ans, n'avait pas mâché ses mots. Encore plein de projets, dont un avec Gérard Depardieu, le maître italien aux multiples chefs d'oeuvre, alors âgé de 80 ans, avait préféré dire stop. "Je ne veux pas devenir une de ces vieilles dames qui mettent des talons aiguille et du rouge à lèvres pour rester avec les jeunes", avait-il ainsi expliqué dans un entretien au quotidien Il Tempo.
"Avant, il y avait de plus grands espaces d'autonomie". L'évolution d'un cinéma qui lui a apporté reconnaissance et distinctions ne lui plaisait guère. "Je ne réussis plus à vivre le monde du cinéma comme autrefois, avec joie et légèreté. Il y a des logiques de production et de distribution qui ne me ressemblent plus", assurait-t-il dans ce même entretien. "Aujourd'hui, c'est seulement le marché qui procède aux choix. Avant aussi il était important, mais il y avait de plus grands espaces d'autonomie. Les producteurs étaient aussi prêts à risquer et à expérimenter. Manifestement, la crise économique a aggravé la situation".
Conscient de la richesse de son oeuvre, Ettore Scola confiait donc partir avec le sentiment du devoir accompli. "Etant donné mon âge, j'ai fait ce que je devais. Je n'ai pas de regrets. J'ai toujours travaillé avec une grande liberté. A un certain stade, il vaut mieux prendre sa retraite", concluait-il. Le maître italien a reçu une pluie d'hommages après l'annonce de sa mort.