Quel bonheur de rencontrer Sabrina Ouazani ! L'actrice fait partie de ces stars qui sont restées fidèles à elles-mêmes. Solaire, souriante, accessible, la comédienne de 35 ans met directement à l'aise. Elle nous parle comme elle parlerait à une bonne copine et cette sympathie réchauffe le coeur. On a envie de rester avec elle pendant des heures, prolonger l'interview et même aller boire un verre pour échanger et refaire le monde. Car Sabrina Ouazani a tellement de choses à dire ! Son regard s'éveille à chacune de nos questions, auxquelles elle répond avec une sincérité désarmante.
Aujourd'hui, nous parlons de son nouveau film d'action très musclé Kali, disponible sur Prime Video ce vendredi 31 mai. L'actrice a repoussé ses limites pour jouer le rôle de Lisa alias Kali, une ancienne recrue des forces spéciales qui part au Brésil pour traquer les hommes qui ont exécuté son mari. Interview
Qu'est-ce que ça vous fait d'être la tête d'affiche d'un gros film d'action sur Prime Video ?
Je suis hyper flattée. C'est une confiance qu'on me met entre les mains et que je dois chérir. Je ressens aussi une petite pression parce que je dois être à la hauteur de ce désir que le réalisateur Julien Seri a eu pour moi. Il m'a offert ce rôle sans que je passe des castings. J'ai donné le meilleur de moi-même pour lui montrer que j'étais bel et bien faite pour le rôle de Kali.
Avez-vous tout de suite accepté sa proposition ?
Oui, je n'ai pas hésité une seule seconde. J'ai été enchantée par la proposition, le culot et l'audace de l'écriture de Julien et de son co-scénariste. Julien m'a assuré qu'il avait envie de réaliser ce qui était écrit et qu'il n'allait pas édulcorer les choses ou être plus frileux sur telle ou telle cascade parce que je suis une femme, et ça j'adore !
Vous aimez quand il n'y a pas de limites...
Oui parce que je n'ai moi-même aucune limite ! J'ai grandi avec des parents qui m'ont dit : "Tu es capable de tout !". Je pense que rien n'est impossible. Vous voulez que je fasse un salto depuis le quatrième étage ? Je vais apprendre à le faire ! Tout est accessible tant qu'on s'en donne les moyens et qu'on est rigoureux.
Qu'est-ce que vous admirez chez Kali ?
Déjà, je n'aurais jamais imaginé incarner une femme aussi badass il y a 20 ans, quand je suis devenue actrice. J'aime la complexité de Kali. C'est une femme puissante, une fonceuse. Mais elle est en même temps très fragile, pleine de doutes et de peurs, comme tout le monde.
Après la mort de son mari, elle veut se venger et se transforme en machine de guerre. D'où viennent cette puissance et ce sang froid ?
Je pense que nous sommes toutes des guerrières. J'ai le sentiment que nous les femmes avons un petit truc un plus, un supplément d'âme qui fait de nous des forces de la nature. Kali a toutes les capacités pour devenir cette machine de guerre, elle a une force surhumaine qui sommeille en elle.
La vengeance apaise-t-elle vraiment sa douleur ?
Non, c'est un leurre. C'est comme les gens qui s'infligent des douleurs physiques pour ne plus ressentir leur douleur émotionnelle. Le poids est toujours là au fond d'eux. Kali bascule dans quelque chose d'irrationnel parce qu'elle a tout perdu. Elle est tellement brisée qu'elle éteint toutes ses émotions.
Votre personnage enchaîne les cascades pendant tout le film. Quelle a été votre préparation ?
J'ai suivi une formation très rigoureuse. J'en avais besoin même si je suis hyper sportive car je joue quand même une ancienne agent des forces spéciales. J'ai travaillé avec des cascadeurs et j'ai appris le maniement des armes ainsi que le jujitsu brésilien. C'était très intense.
Vous ne vous êtes pas blessée sur le tournage ?
Non mais en revanche, il s'est passé un truc de fou. Pour une scène, je devais faire semblant d'endormir quelqu'un avec une technique de jujitsu. Je place mes bras derrière cet homme, et je fais un triangle qui est censé lui faire perdre connaissance... sauf qu'il perd vraiment connaissance ! J'ai eu tellement peur parce que si tu tiens la position plus d'une minute trente, il n'y a plus d'oxygène qui remonte au cerveau et la personne peut finir handicapée ou même mourir. J'ai quitté le plateau en disant : "Laissez-moi dix minutes, je vais prendre l'air, je reviens et lui on va le laisser reprendre un peu ses esprits". On peut devenir fou quand on acquiert toutes ces techniques de combat. On se dit qu'on est le roi du monde. C'est important de redescendre.
D'où vient votre passion pour le sport ?
J'étais hyperactive quand j'étais petite. Mes parents m'ont mise au sport très tôt pour me canaliser. J'ai commencé le judo à l'âge de 4 ans et je n'ai jamais arrêté depuis. Le sport a toujours fait partie de ma vie et c'est une véritable passion. Je ne le fais pas pour faire la "healthy girl" sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, vous verrez rarement une photo de moi à la salle de sport alors que j'y vais très souvent.
Vous sentez-vous enfin à votre place dans le monde du cinéma ?
Toujours pas. En tant qu'acteur, on dépend du désir de l'autre. C'est difficile parce que ça nous renvoie parfois à un sentiment de solitude, d'échec, et de désamour. Ça peut être très violent. J'ai mis du temps à comprendre que ce n'est pas parce que j'ai raté un casting que je suis mauvaise actrice, mais que c'est juste que je ne corresponds pas à la vision du réalisateur pour un rôle en particulier.
Est-ce que vous vous êtes sentie soutenue dans ces moments d'échec ?
Non et honnêtement, la grand famille du cinéma français, je n'y crois pas ! Moi, j'ai la totale (Rires) : je suis une femme, je suis maghrébine, banlieusarde et musulmane. Quand j'ai commencé il y a 20 ans, les rôles qu'on me proposait étaient évidemment très clichés. Aujourd'hui, les choses ont évolué et je suis super optimiste, mais la bataille n'est pas finie.