Le Festival d'Avignon vient d'inscrire à son programme officiel une nouvelle pièce, 81 avenue Victor Hugo, mise en scène par Olivier Coulon-Jablonka. Ce dernier a fait appel à huit sans-papiers d'Aubervilliers, originaires d'Abidjan (en Côte d'Ivoire), Ouagadougou (au Burkina Faso) ou Dhaka (au Bengladesh), pour monter sur les planches. La spectacle, qui raconte leur histoire, a été créé en mai dernier au Théâtre de la Commune d'Aubervilliers. Il s'agissait d'une commande de la part de sa directrice qui souhaitait programmer une série de "pièces d'actualité" inspirées par la vie des habitants de la commune.
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La rencontre avec un collectif, un point de départ. Le metteur en scène Olivier Coulon-Jablonka, le cinéaste Camille Plagnet et la dramaturge Barbara Métais-Chastanier ont arpenté les rues d'Aubervilliers, mais aussi "de la Courneuve", avant d'arrêter leur choix sur un squat, le "81 avenue Victor Hugo", un ancien bâtiment de Pôle Emploi occupé par 80 sans-papiers, le "collectif des 80". A l'origine, le thème du spectacle "n'était pas arrêté", précise Olivier Coulon-Jablonka avant d'ajouter : "Et puis il y a eu la rencontre avec ces gens." Leurs récits forment la trame de la pièce.
Les sans-papiers se sont imposés comme acteurs. Au départ, l'équipe théâtrale avait envisagé d'autres hypothèses. Des acteurs auraient pu prendre la parole à la place des sans-papiers sur scène. Mais après réflexion, les sans-papiers se sont imposés comme des acteurs nécessaires. "Il fallait que ce soit cette parole-là qui soit sur le plateau", confie Olivier Coulon-Jablonka. Mais faire jouer des sans-papiers, c'était aussi aller au-devant de grandes difficultés. "On a dialogué sur ces questions-là avec le théâtre, qui a considéré ce point de départ théâtralement intéressant", précise encore le metteur en scène.
"Le spectacle a permis de dialoguer avec la préfecture et c'est plutôt en bonne voie", explique Olivier Coulon-Jablonka qui suit l'évolution des dossiers de demande de papiers. Première victoire selon le metteur en scène : les huit acteurs de la pièce ont d'ores et déjà obtenu "un titre de séjour qui leur permet de se déplacer et de travailler." Des papiers provisoires donc, qui représentent un premier-pas. "C'est un vrai changement de situation pour eux", résume Olivier Coulon-Jablonka pour qui cette pièce "pourrait réussir à faire régulariser 80 personnes", c'est à dire l'ensemble du collectif.
C'est en se mettant "en pleine lumière" que les acteurs "ont réussi à sortir de situations clandestines". Ils sont "les porte-paroles de ce collectif" dont la situation reste, pour l'instant du moins, "non résolue".
81 avenue Victor Hugo jouera les 23, 24 et 25 juillet à 15H00 au Gymnase du Lycée Saint-Joseph, à Avignon, puis du 1er au 8 octobre à Aubervilliers.