Cannes : sa Croisette, ses films, ses stars et... ses journalistes. Ils sont près de 4.500 chaque année pour couvrir le plus grand festival de cinéma du monde et assister aux projections des films. Forcément, personne n'a le même avis, mais des tendances se profilent. Après deux semaines de compétition, Europe 1 fait le point sur les favoris dans la course à la Palme d'or.
Un film fait l'unanimité. Dans la sélection officielle, quelques films arrivent, parfois, à créer une unanimité autour d'eux. C'était le cas en 2013 avec La vie d'Adèle. Cette année, Toni Erdmann de Maren Ade, semble être plébiscité par tous.
La réalisatrice, pour la première fois en compétition, a fait forte impression auprès des critiques. Bruno Cras, journaliste cinéma d'Europe 1 juge ainsi le long-métrage "intelligent et drôle". De son côté, Le Monde salue "un film d'une sensibilité infinie" et décrit "une salle qu'on a rarement vue aussi hilare et conquise". Libération se fait aussi le témoin de ce succès sur la Croisette, en remarquant que le film réussit à mettre "en osmose des médias aussi distants sur l'échiquier du goût que 20 Minutes et les Cahiers du cinéma". Même outre-Atlantique, le Hollywood Reporter affirme que Toni Erdmann est très bien placé dans la course à la Palme d'or.
Verhoeven a emballé son monde. Le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven (avec Elle) pourrait également prétendre au titre suprême. Pour son premier film français, le réalisateur de Basic Instinct met en scène une femme d'affaires qui a réussi dans les jeux vidéos et se fait violer par un homme cagoulé. A la veille du palmarès, le film a été très bien accueilli lors de la projection de presse, avec des rires et des applaudissements.
Bruno Dumont, Cristian Mungiu et Pedro Almodovar en embuscade ? D'autres films ont également séduit les festivaliers. Après P'tit Quinquin, la seconde incursion de Bruno Dumont dans la comédie était très attendue. Avec MaLoute, le réalisateur semble avoir réussi son pari. Mais l'exagération et le côté grotesque du long-métrage de Bruno Dumont se révéleront peut être trop clivants pour créer un consensus majoritaire chez les neuf membres du jury. "Trop de démesure tue la démesure", juge ainsi Bruno Cras.
Est-ce le grand soir pour Pedro Almodóvar ? Sélectionné pour la cinquième fois en compétition sans jamais repartir avec la Palme d'or, le réalisateur compte bien sur son nouveau film, Julieta, pour obtenir le prix tant convoité. Télérama décrit un film grave et "virtuose". Même ressenti du côté de l'Obs qui voit en Julietale film "le plus sombre" de son auteur. De son côté, Bruno Cras parle d'une réalisation "à la fois mélancolique et lumineuse sur le thème de l'absence, de la culpabilité et du pardon : un beau film !".
Cristian Mungiu, déjà auréolé d'une Palme d'or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, va peut-être entrer dans le cercle très restreint des doubles palmés. Son film Baccalauréat a su séduire la presse française et internationale. Lors de ces deux passages dans la compétition, le solide réalisateur roumain est toujours reparti avec un prix. Bruno Cras, lui, s'est laissé convaincre : "Mungiu raconte avec une maîtrise absolue l'histoire d'une famille ordinaire, gagnée par la corruption".
Rappelons tout de même que seul le jury décide et qu'un consensus de la critique ne se transforme pas toujours en Palme d'or.