Est-ce une éviction, un désaveu, ou simplement une page qui se tourne ? L'ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, n'a pas été réélu au Conseil d'administration du festival de cinéma dont il a été pendant près de 40 ans une figure incontournable, a-t-on appris dimanche auprès de ce dernier, confirmant une information de Nice Matin. L'assemblée générale de l'Association française du Festival International, qui réunit pouvoirs publics et professionnels du 7e art, a décidé que l'ex-délégué général puis président du festival (entre 2001 et 2014) ne ferait pas partie des 16 membres élus du conseil d'administration.
"Évincé". Contacté par l'AFP, Gilles Jacob a refusé de commenter le vote, tout en sous-entendant qu'il s'agissait d'une éviction. "Il y a eu un vote. Il est démocratique. Je ne veux pas le commenter. Je garde ma réserve, mais plus rien ne m'étonne. Il y a des choses plus graves finalement dans le monde. Je reste président d'honneur." Le maire de Cannes, David Lisnard, qui a participé au vote, a lui aussi parlé d'une sorte de disgrâce, disant "regretter" que Gilles Jacob "ait été évincé" dans les colonnes de Nice Matin.
"Pas un désaveu". Son de cloche différent, en revanche, du côté de Pierre Lescure, successeur de Gilles Jacob à la présidence du Festival de Cannes. "C'est la règle, mais ce vote n'est pas un désaveu de son action extraordinaire pour le Festival", a-t-il commenté auprès du quotidien régional.
Longue carrière. "Je reçois des messages d'affection du monde entier, y compris de la part d'un membre éminent du conseil d'administration qui m'a écrit que le conseil n'en sort pas grandi", a pour sa part déclaré Gilles Jacob auprès de l'AFP. Né en 1930, il avait couvert son premier festival de Cannes en 1964, avant de rejoindre l'équipe en 1976, d'abord comme délégué général adjoint, puis comme délégué général responsable de la fameuse sélection des films en compétition. Enfin, il avait occupé la présidence pendant treize ans. Sous son "règne" ont été créés la Caméra d'or (récompensant une première oeuvre), Un certain regard (section plus pointue de la sélection officielle) ou la Cinéfondation (pour accompagner les jeunes cinéastes), qu'il préside toujours.