Santiags, stetson vissé sur la tête, bandana rouge et musique country, Alain et sa famille partagent, dans les années 90, le même amour pour l'univers du western. Mais alors qu'un jour, les "cowboys" se rendent ensemble à un rassemblement country, la fille d'Alain, Kelly, disparaît mystérieusement. Le père et son fils, Georges (dit "Kid"), vont partir sur sa trace. Une quête sur quinze ans qui va les mener jusqu'au Yémen, dans les milieux djihadistes. Les cowboys, premier film en tant que réalisateur du scénariste Thomas Bidegain, plusieurs fois récompensé, notamment pour les trois derniers films de Jacques Audiard, Un prophète, De rouille et d'os et Dheepan, arrive sur les écrans le 25 novembre, en partenariat avec Europe 1. L'histoire est forte, la réalisation à la hauteur et le film est emmené par un duo père-fils de choc : François Damiens et Finnegan Oldfield.
La quête bouleversante d'un père et de son fils. François Damiens était déjà le père de Suzanne, dans le film de Katell Quillévéré sorti en 2013, celui de Paula dans La Famille Bélier, l'année dernière. Cette fois il campe un père de famille heureux, aimant, au début du film, qui va se perdre dans la quête de sa fille disparue. Acteur capable de "rester crédible avec un chapeau de cowboy sur la tête", souligne le réalisateur, François Damiens est, comme toujours, d'une impressionnante justesse. Il joue un homme en souffrance qui survit dans l'action, refusant "catégoriquement d’être une victime". Avec Finnegan Oldfield dans le rôle du fils, jeune acteur très prometteur, ils forment un duo bouleversant.
Plongée dans la France des années 90 au début des mouvements djihadistes. L'histoire des Cowboys rejoint bientôt la grande histoire. Alain découvre que sa fille de 16 ans s’est convertie à l’islam pour vivre avec un musulman radicalisé. Pour lui, elle n'a pu être qu'embrigadée. Le seul lien qui leur reste : quelques lettres envoyées, de loin en loin, sans adresse.
Thomas Bidegain a choisi de faire débuter son film en 1994, aux premières heures des manifestations du mouvement djihadiste. "Quand nous avons commencé à écrire, il y a 3 ans, personne ne parlait du phénomène (…) Au fond, le film ne raconte que cela : l’histoire de gens simples projetés dans le fracas du monde qui les dépasse", précise le cinéaste.
Les attentats du 11 septembre 2001, les attentats de Londres de 2005 rappellent, par flash, la chronologie d'un passé inscrit dans la mémoire collective. On voit ainsi Kid pousser la porte d'un petit café français et découvrir, effaré, les Twin Towers s'effondrer sur elles-mêmes. "On voulait que l’événement vienne ouvrir l’horizon : (…) au lieu d’y voir seulement une catastrophe internationale, il y voit sa sœur. C’est à ce moment-là que la petite histoire rejoint la grande". Les Cowboys s’achève en 2011, avant l’émergence de l’État islamique. Une manière pour Thomas Bidegain de "tenir le film à distance de l’actualité."
Notre avis. Les Cowboys est un premier film très réussi. Scénario ambitieux (sans surprise), réalisation tout en finesse, acteurs impressionnants, Thomas Bidegain n'en fait pas trop mais n'en donne pas moins, à travers la quête de deux hommes, une grande dimension à son film. L'intrigue, qui pourrait facilement tomber dans la caricature, évite toujours cet écueil. Les regards, les silences suffisent. Rien n'est surjoué, toujours suggéré, tout est crédible, élégant et profondément sensible.