À travers un roman au titre d'insulte yiddish, l'ancien patron du "Point" tente de répondre à cette question : pourquoi la montée du nazisme a-t-elle autant été prise à la légère ?
Le schmock ? Il s'agit du titre du nouvel ouvrage du journaliste Franz-Olivier Giesbert. Schmock, "c'est un mot yiddish qui veut dire trois choses, un mot qui veut dire con, qui veut dire salaud et qui veut dire pénis, mais un pénis du genre ramollo", énumère sans préambule l'ancien patron du Point. Invité du Grand journal de Philippe Vandel, l'essayiste et romancier a expliqué pourquoi il avait choisi de titrer son livre de la sorte, avec "l'insulte suprême yiddish".
Le peuple allemand surestimé et Hitler sous-estimé ?
FOG ne fait pas plus de mystère : "Par ce nom-là, je désigne Hitler. Schmock est un nom que j'ai entendu dans ma jeunesse. Mon père utilisait ce mot de temps en temps. C'est très utilisé par les Américains, mon père était Américain. C'est un mot qui est resté et qui veut dire 'C'est vraiment une merde'", martèle l'écrivain.
Le roman qui se déroule sur un siècle et pour lequel le journaliste a travaillé sur une dizaine d'années, tente de répondre à cette question inscrite sur la quatrième de couverture : "Malgré toutes mes lectures sur la période hitlérienne, je n'ai jamais réussi à comprendre pourquoi tant d'Allemands bien et respectables avaient pris à la légère la montée du nazisme tandis que les juifs tardaient étrangement à fuir. Pourquoi le nazisme a-t-il été possible dans ce grand pays de musiciens, de philosophes et de poètes ?". L'écrivain a opté pour le roman, plutôt que l'essai, pour plus de facilité. "Grâce aux personnages que vous avez inventé, vous pouvez transmettre des sensations", explique en outre Franz-Olivier Giesbert.
Mais le romancier répond d'une certaine façon à sa propre question par la voix de son héros, Karl. Selon lui, l'intelligence et la culture du peuple allemand ont été surestimées quand les capacités d'Hitler ont été à l'inverse sous-estimées. "Il n'est pas très malin", confirme l'auteur au sujet d'Hitler. "Il a une qualité évidente, c'est un très bon orateur, surtout au début. Mais il est con, il rate tout. Il réussit par la violence et la terreur, il tue tous ses anciens camarades dans la nuit des longs couteaux. Le vrai truc, au fond, c'est l'insouciance. On laisse faire les choses", souligne le romancier.
Une menace toujours planante sur l'Europe
Et d'ajouter que quelle que soit l'époque, "la Bête" telle une menace est toujours présente comme une épée de Damoclès, "à travers mille choses, à travers le populisme, l'islamisme, toutes sortes de dégénérescences idéologiques. C'est effrayant. C'est très particulier à l'Europe. On va croire que c'est le berceau des civilisations, ce n'est pas vrai du tout. Elle est travaillée par des forces dégueulasses", assène-t-il.