Hervé Le Tellier 2:56
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Mathilde Durand , modifié à
Lauréat du prix Goncourt 2020 pour son huitième roman "L'Anomalie", Hervé Le Tellier revient sur cette distinction et plus largement sur son rapport à l'écriture. Son ouvrage, aux éditions Gallimard, raconte le destin de huit passagers d'un vol Paris-New-York qui s'est reproduit deux fois, à quelques mois d'intervalle.
INTERVIEW

Hervé Le Tellier récompensé. L'écrivain de 63 ans vient de remporter le prix Goncourt 2020 pour son roman "L'Anomalie", publié chez Gallimard. Avec ce huitième roman, le mathématicien de formation et ancien journaliste raconte la reproduction d'un vol Paris-New-York, qui se déroule deux fois à quelques mois d'intervalle avec les mêmes 150 passagers. L'écrivain suit particulièrement le destin de huit d'entre eux, qui se retrouvent dupliqués et face à leurs clones. Un roman "sur la confrontation à soi", racontait-il sur Europe 1

"Tous les auteurs ont un peu un sentiment d'imposture. Qui va valider la littérature ? La chose agréable dans la réception d'un prix comme le Goncourt, c'est la validation par les pairs. Pendant quelques mois, quelques années, on aura l'impression de ne pas être un imposteur", commente Hervé Le Tellier, mardi au micro Europe 1 de Patrick Cohen, évoquant l'un des personnages de son roman, Victor Miesel, un écrivain suicidaire devenu culte, et son clone "distancié et ironique". "Mais il me semble que si les auteurs ne pensent pas être des imposteurs, ils auront du mal à écrire. Il faut pouvoir lutter contre cette sensation pour écrire convenablement, il faut tout le temps surveiller sa propre écriture, être vigilant, faire du neuf dans une langue ancienne."

"La langue dans laquelle nous évoluons est banalisée par le langage, l'écriture 'du premier jet'. Il faut absolument aller ailleurs et pour cela, il faut être un peu persuadé d'être un imposteur pour pouvoir justement subjuguer", poursuit l'écrivain. 

Un prix inattendu 

Pour l'écrivain, recevoir le prix Goncourt était inattendu. "Quand on écrit un livre on n'envisage pas du tout dans la course aux prix. On sort en septembre pour être dans la rentrée littéraire, c'est aussi pour participer aux prix, mais on n'a pas idée que l'on peut accéder au Goncourt et l'obtenir", explique-t-il. 

Epidémie de Covid-19 oblige, le prix, déjà décalé en soutien des librairies fermées, n'a pas été annoncé devant le restaurant Drouant comme à l'accoutumé. Un bousculement de la tradition qui n'était pas pour déplaire à Hervé Le Tellier. "Pour ma part la forêt de micro cela ne me manque pas trop. La bousculade non plus. J'étais presque content d'être vidéoconférence avec les Goncourt, je trouvais ça reposant, calme, on pouvait se dire ce qu'on voulait, on avait un peu de temps. Cela me paraissait plus simple qu'un discours improvisé sur un perron", plaisante-t-il.