Thomas Lilti dévoile la nouvelle saison d'"Hippocrate". 3:44
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Antoine Terrel
Thomas Lilti, ancien médecin et réalisateur d'"Hippocrate", présente la deuxième saison de la série de Canal+ sur Europe 1. Et raconté comment pendant le tournage, la réalité avait rattrapé la fiction, avec l'apparition de l'épidémie de coronavirus et les difficultés rencontrés par les soignants. 
INTERVIEW

Très attendue après le succès public et critique de la première saison, la deuxième saison de la série Hippocrate résonne de façon vertigineuse avec l'actualité. Alors que la France est confrontée depuis plus d'un an à l'épidémie de coronavirus, la série de Thomas Lilti, par ailleurs ancien médecin, raconte le quotidien du service de médecine interne de l'hôpital Poincaré et de ses internes. Le tout en abordant notamment la question du manque de moyens, si souvent mise sur la table par les professionnels du secteur depuis des années, et particulièrement criante en cette période de forte pression hospitalière 

Dans cette nouvelle saison, le service des internes incarnées notamment par Louise Bourgoin et Alice Belaïdi est notamment confronté au rapatriement des urgences, après la rupture d'une canalisation d'eau. "C'est une métaphore qui a le mérite d'être efficace. Montrer un hôpital qui coule, les pieds dans l'eau", explique Thomas Lilti. Dans les huit épisodes diffusés sur Canal +, les personnages vont ainsi "écoper, pour empêcher cet hôpital de sombrer".

"Tant qu'on ne prend pas soin des soignants, on ne peut pas prendre soin des malades"

En tant qu'ancien médecin, Thomas Lilti est conscient depuis des années des difficultés que traverse l'hôpital en France. Mais à l'en croire, ce n'est pas le cas de tous. "J'ai l'impression que quand la crise sanitaire est arrivée au mois de mars, l'année dernière, il y avait plein de gens qui ont découvert que l'hôpital public allait vraiment très mal", raconte-t-il. 

Cette nouvelle saison d'Hippocrate, bien qu'"extrêmement romanesque", a aussi "une dimension politique parce qu'on est profondément dans les coulisses d'un hôpital public, avec toutes les difficultés et les souffrances que rencontrent les soignants", ajoute le réalisateur. A l'hôpital, prévient-il, "une catastrophe amènera toujours une autre catastrophe". Et de conclure : "Tant qu'on ne prend pas soin de l'hôpital et tant qu'on ne prend pas soin des soignants, on ne peut pas prendre soin des malades". 

"Un hôpital encore plus abîmé que ce que j'imaginais"

Il faut cependant rappeler que la saison a été écrite avant la crise sanitaire. Mais le surgissement de l'épidémie "crée une ironie dramatique", note-t-il. D'autant plus que la série aborde frontalement la question du tri des patients, mais aussi des adaptations en urgence parfois nécessaires. Dans la série, en raison du dégât des eaux, "on décide de mettre les urgences dans un service de médecine interne. Avec cette astuce, je ne fais que raconter l'état de l'hôpital d'aujourd'hui, qui est dégradé", explique Thomas Lilti

Alors que le tournage de la série était interrompu pendant le confinement, Thomas Lilti a lui-même repris brièvement du service pour donner un coup de main dans un hôpital. "J'ai pris une sorte de retour de bâton émotionnel très puissant parce qu'en effet, la réalité et la fiction se mélangeaient totalement", se souvient le réalisateur. "Je me suis rendu compte que ce que je racontais était totalement en phase avec ce que les soignants étaient en train de vivre. J'ai même découvert un hôpital encore plus abîmé que ce que j'imaginais."