Industrie du disque : "Le deuxième confinement est beaucoup plus dur" que le premier

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Déjà touchée de plein fouet par le premier confinement du printemps, l'industrie musicale doit de nouveau composer avec un contexte économique désastreux. Au point, selon le président du Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP), Bertrand Burgalat, invité mardi d'Europe 1, de faire peser de lourdes menaces sur de nombreux artistes et labels.

"Dans l'industrie du disque, on se disait 'on en a vu d'autres, on est un peu comme la sidérurgie'." Ça, c'était lors du premier confinement lié au coronavirus, au printemps. Mais alors que la France est de nouveau à l'arrêt, ou presque, depuis deux semaines et demie, Bertrand Burgalat est bien plus pessimiste dans ses prédictions pour le secteur du disque. Selon le président du Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP), invité de Culture Médias sur Europe 1 mardi matin, "avec le deuxième confinement, on est en train de rejoindre nos amis du spectacle", totalement à l'arrêt.

Pour le patron du label Tricatel, "le deuxième confinement est beaucoup plus dur (que le premier) parce que là, sur les produits physiques, ces deux mois de novembre et décembre représentent 40% de l'année. En réalité, beaucoup de disques sont des cadeaux" de Noël, avec des fêtes qui se dérouleront cette année dans un contexte particulier.

Burgalat dénonce une "équité négative"

"Avant même le confinement, on réalisait à peu près un tiers de ce qui était le chiffre d'affaires de la musique enregistrée au début des années 2000", poursuit Bertrand Burgalat, élu à la tête du SNEP en septembre. "On avait quand même beaucoup de retard à rattraper. Et pendant le premier confinement, les chiffres étaient assez stables parce que le streaming continuait de progresser. Mais évidemment, les ventes physiques se sont effondrées alors qu'elles restent quand même importantes", de l'ordre de 40% des ventes totales, contre 60% pour le numérique. 

Le deuxième confinement et la fermeture des rayons culturels viennent donc perturber encore plus tout le secteur du disque, des figures populaires aux artistes plus confidentiels. "Il y a une forme d'équité négative qui fait que tout d'un coup, par une espèce de jacobinisme et un peu de sophisme, non seulement on interdit aux disquaires de vendre des disques, mais du coup, on interdit les rayons culturels", dénonce Bertrand Burgalat, en critiquant la logique du gouvernement : "On dit qu'il y a 10.000 personnes qui n'ont pas l'eau courante en France. Il n'y a aucun problème, on va couper l'eau courante aux autres foyers !"

"Surinfection" dans la crise

Le dirigeant pointe une "surinfection" pour un secteur déjà fragile : "Évidemment, il y avait la baisse des ventes de disques, mais il y a aussi la baisse des droits voisins. Comme la musique n'est plus diffusée dans les boutiques, les restaurants, etc., les droits d'auteur via la Sacem et les droits voisins via les sociétés de gestion des organismes de gestion collective" ne sont plus perçus. Cela contribue à "40 à 50% de perception en moins". Bertrand Burgalat déplore également un manque à gagner sur les droits "irrépartissables" vis-à-vis des États-Unis, autre problème plus complexe.

Enfin, le président du Snep s'étonne du fait que le gouvernement ait décidé de ne pas proposer la franchise postale d'un centime d'euro pour les disquaires, contrairement aux libraires. "Peut-être que Bruno Le Maire ne fait pas de disque, c'est vrai. C'est une distinction qui ne repose sur rien."