De Platoon à Wall Street en passant par JFK ou encore Né un 4 juillet, la filmographie d’Oliver Stone recèle de films cultes. Tout au long de sa carrière, le célèbre réalisateur n’a cessé d’ausculter l’histoire des États-Unis avec un regard critique aiguisé et assumé, sans la moindre concession pour son pays natal. Mais quelles ont été ses sources d’inspiration ? De James Bond à Liz Taylor en passant par ses parents, Oliver Stone a dressé une liste aussi diverse qu’étonnante de ses "Icônes", au micro de Michel Denisot sur Europe 1.
"Je voulais devenir un James Bond avec les femmes"
Dans sa jeunesse, Oliver Stone a voué une véritable admiration pour l’agent 007. "Quand j'avais 19 ans, j'ai lu tous les James Bond. Je voulais devenir un James Bond avec les femmes, mais ça n'a pas vraiment marché même si j'ai essayé", s’amuse-t-il. "On ne peut pas être Jean-Paul Belmondo quand on n'a pas le physique, on ne peut pas toujours avoir Sophia Loren dans les bras. La vie vous joue des tours et il faut bien choisir ses icônes".
L’influence de ses parents
Oliver Stone est revenu longuement sur sa relation parfois complexe avec ses parents. "Mon père et ma mère ont eu beaucoup plus d'influence sur moi que je n'aurais pu le penser. Et c'était en écrivant le bouquin que j'ai commencé à mieux comprendre, à mieux connaître mes propres parents", assure le réalisateur, qui vient de publier son autobiographie, intitulée A la recherche de la lumière.
"Mon père était un modèle. C’était un homme qui travaillait dur, un vrai travailleur mais également un homme de réflexion. Sur le plan mathématique, par exemple, il était beaucoup plus doué que moi mais il a été durement touché par la dépression. Il avait connu des moments très difficiles dans la vie. Mon père et ma mère ont divorcé. Ça a été un des grands chocs de ma vie", confie-t-il. Oliver Stone voue également une admiration sans bornes à sa mère, une Française qui lui a appris à parler couramment la langue de Molière. "Jacqueline a eu une influence extrêmement puissante sur ma vie. C'était une femme du monde. C'était une Française très forte à sa façon."
Ron Kovic, le militant pacifiste qui a inspiré "Né un 4 juillet"
Oliver Stone a également été fortement influencé par la guerre du Vietnam. Engagé volontaire alors qu’il n’avait qu’un peu plus de 20 ans, il en reviendra profondément marqué et farouchement pacifiste. En 1989, Oliver Stone réalisera Né un 4 juillet, un film inspiré par l’histoire de Ron Kovic, un soldat américain qui deviendra un fervent militant pacifiste à son retour du Vietnam. "C'est une icône, un modèle, un ancien du Vietnam qui s'est retrouvé paralysé après avoir pris une balle mal placée", raconte Oliver Stone.
"Il a passé 53 ans dans un fauteuil roulant à partir de l'âge de 21 ans. Il a été blessé à la guerre du Vietnam et il est toujours en pleine forme. Bien souvent, les gens en fauteuil roulant ne survivent pas bien longtemps parce que c'est très difficile de mener une existence confinée dans un fauteuil roulant. Mais lui, c'est un homme fort", assure-t-il. "Il m'a présenté à des anciens combattants du Vietnam à Los Angeles quand j'ai écrit le scénario. C'est un des films dont je suis le plus fier, Tom Cruise (l’acteur principal du film) a fait un travail formidable".
Liz Taylor, "l’icône de jeunesse"
Oliver Stone avait déjà traité de la guerre du Vietnam dans le légendaire Platoon, sorti au cinéma en 1986 et qui lança définitivement la carrière du réalisateur. Acclamé aussi bien par le public que par la critique, Platoon remporta quatre Oscars en 1987, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Cerise sur le gâteau : c’est Elizabeth Taylor, "l’une des idoles de jeunesse" d’Oliver Stone, qui lui remit la fameuse statuette. "Liz Taylor était une de mes icônes, l'une des femmes les plus sexy du monde. J'adorais les femmes comme elle avec les cheveux noirs et sombres, une beauté ténébreuse. Je l'ai embrassé sur scène et ma mère m'a dit : 'embrasse la sur les deux joues, à la française'. Elle était un petit peu surprise mais elle était absolument adorable", se souvient-il.
"C'est elle qui a immortalisé ce moment de mon existence. J'ai vu ma vie défiler sous mes yeux et le lendemain elle m'a envoyé un énorme bouquet de roses. Ma femme s'appelait elle aussi Elizabeth. Liz Taylor a écrit : 'de la part de l'autre Elizabeth, tu es formidable, félicitations'."
Al Pacino, un acteur "aux prestations époustouflantes"
Charlie Sheen, Michael Douglas, Kevin Costner ou encore Anthony Hopkins : Oliver Stone a dirigé d’immenses acteurs tout au long de sa carrière. Il a également fait tourner Al Pacino dans L’enfer du dimanche, dans lequel le comédien revêt le costume d’un entraîneur plongé dans le monde impitoyable du foot américain. "Al Pacino est certainement une icône. C'est un acteur que les autres acteurs savent apprécier parce que ses prestations sont absolument époustouflantes, comme dans Scarface et dans L'enfer du dimanche", admire Oliver Stone. "C'est un acteur absolument remarquable qui met toute son âme, tout son cœur, toutes ses tripes. Acteur, c'est tout ce qu'il sait faire. C'est vraiment une passion profonde, un besoin."
Jim Morrison, "un vrai poète, une espèce d’Arthur Rimbaud"
Oliver Stone a également consacré un film à l’une de ses icônes de jeunesse : Jim Morrison, le chanteur du groupe The Doors (dans le film The Doors). "Quand j'étais plus jeune, j'adorais et je suivais beaucoup Morrison dans les années 70, juste après le Vietnam. Il est mort trop jeune en 1971. Mais je suis content d'avoir pu faire le film sur les Doors", se satisfait le réalisateur. "C'est un film très spécial parce que c'était un poète. C'était un chanteur, une rockstar mais plus que ça, c'était un vrai poète, une espèce d'Arthur Rimbaud. Il avait aussi quelque chose de Baudelaire en lui, spécial et mystique. Et j'ai essayé de trouver ça dans le film."