Pas moins de 250.000 visiteurs sont attendus à partir de jeudi, et jusqu’à dimanche, au parc des expositions de Villepinte, au Nord de Paris, pour la Japan Expo qui, comme son nom l’indique, est un salon dédié à la culture japonaise. Ce salon, le plus grand du genre en Europe, montre que la France est particulièrement sensible à la culture nippone, qui ne cesse de gagner du terrain dans l’Hexagone.
"Quand des jeunes voient Naruto manger son bol de ramen, ça les fascine"
Cette fièvre japonaise en France, elle est portée par le succès du manga. La France est le deuxième pays qui consomme le plus de ces BD japonaises au monde derrière le Japon lui-même. Près de 17 millions de volumes ont été vendus chez nous l’an dernier, d’après l’institut de recherches GFK. Un record.
Résultat, aujourd’hui de très nombreux jeunes Français grandissent baignés dans la culture japonaise. Et ça crée un genre de cercle vertueux. "Quand ils lisent Naruto, auquel ils ont très facilement accès, n’importe où, même en médiathèque, gratuitement, et quand ils le voient manger son bol de ramen, ça les fascine", explique Matthieu Pinon, auteur de Téléportation Japon. "Donc on est curieux de voir ce que c’est le ramen, et le ramen, c’est la plat de nouilles qui est l’équivalent du jambon-beurre pour l’homme d’affaires pressé au Japon. Ils veulent savoir quel goût ça peut avoir un bol de ramen. Donc quand ils se retrouvent sur un festival, ils veulent acheter leur bol de nouilles, ils veulent quelque chose qui vient du Japon, qui soit concret."
87.000 touristes français au Japon en 1998, 300.000 en 2019
Le manga est donc une porte d’entrée vers la culture japonaise. Pour garder l’exemple précédent, le jeune qui va vouloir manger dans un restaurant de ramen, il va y aller avec ses parents. Qui eux même vont s’intéresser par exemple à l’estampe ou à la calligraphie accrochée au mur du restaurant. Jusqu’au jour où toute la famille part en vacance au Japon. Les chiffres montrent un engouement certain pour le Pays du soleil levant. En 1998, 87.000 touristes français ont fait un voyage au Japon. En 2010, ils étaient 150.000. Et en 2018, ils étaient plus de 300.000, un nouveau record.
Thomas est l’illustration de ce cheminement, qui part d’un bout de culture pour se terminer dans l’archipel nippon. "D’abord je me suis intéressé aux jeux vidéo en général, pas forcément japonais, et comme c’est des communautés liées, je me suis aussi intéressé aux mangas, aux animés. En découvrant ça, je me suis intéressé au Japon au général, à la culture japonaise plus large", raconte le jeune homme, qui s’envole vendredi pour la première fois pour le Japon. "Je vais faire un stage linguistique pour approfondir la langue, parce que j’ai commencé à apprendre cette année, donc je suis encore débutant. C’est une culture riche. Ça donne envie de creuser ça, et le meilleur moyen, c’est d’y aller en vrai."
Les Français se mettent au manga
Et la conséquence de tout cela, c’est que la culture japonaise finit par infuser en France. Nombre de nos plus grands chefs étoilés sont revenus du Japon avec du Yuzu, genre de citron nippon, dans leurs valises. Idem pour nos dessinateurs. De la BD, on en train de passer à notre tour au manga, et avec un certain succès ! Exemple avec le manga Radiant, du dessinateur Tony Valente, qui est publiée au Japon et a même droit à une adaptation en dessin animé. "C’est une super consécration, d’autant que je n’espérais pas être vendu dans autant de pays, plus d’une quinzaine maintenant, sur tous les continents. Et ça tient en fait. Je me disais : on va se casser la gueule d’une manière internationale. Et en fin de compte, c’est la meilleure vente de plusieurs des éditeurs étrangers", se félicite l’auteur.
Et ces échanges franco-japonais pourraient connaitre de nouveaux records dans les mois ou les années à venir. Des millions de Français vont en effet découvrir le Pays du soleil levant à la télé, avec la Coupe du monde et de rugby en septembre, et les Jeux Olympiques l’été prochain.