Déjà vainqueur à 21 reprises mais jamais dans une des quatre catégories principales des Grammys, Jay-Z se présente fort de huit nominations, le record de cette promotion 2018, pour son album "4:44", succès critique et commercial.
Mais le rappeur de 48 ans, mari de Beyoncé, n'a pas la faveur des parieurs pour triompher dans la catégorie reine Album de l'année. C'est un autre rappeur, Kendrick Lamar et son album "DAMN", qui arrive en tête chez une demi-douzaine de bookmakers britanniques. La presse américaine, elle, table sur une victoire de Bruno Mars, héritier du funk, et son opus "24K Magic": beaucoup pronostiquent une dilution des votes des amateurs de hip-hop, principalement entre Jay-Z et Kendrick Lamar, même si Childish Gambino devrait aussi glaner quelques voix.
Peut-être le hip-hop, mais pas le rock. Un tel scénario serait un nouveau camouflet pour ce genre aujourd'hui dominant de l'industrie musicale : le hip-hop n'a emporté que deux fois l'album de l'année, en 1999 avec Lauryn Hill et 2004 avec Outkast. En 2017, alors que tout le monde annonçait le triomphe du "Lemonade" de Beyoncé, c'est finalement la Britannique Adele qui avait été couronnée avec son album "25". De nombreuses critiques avaient alors dénoncé un manque d'ouverture des Grammys, voire du racisme latent, déjà illustré par le succès de Taylor Swift devant Kendrick Lamar en 2016, de Beck devant Beyoncé en 2015, ou de Taylor Swift face à Beyoncé déjà en 2010. Les résultats du scrutin, auquel participent 13.000 professionnels de la musique, pourraient cependant être influencés par la mise en place, très tardive, du vote électronique, susceptible d'accorder plus d'importance aux plus jeunes.
Si l'avènement du hip-hop n'est pas certain, une chose est sûre : il ne sera pas supplanté cette année par le rock. Ce dernier est totalement absent des quatre catégories majeures, où sont représentées hip-hop, funk, R&B, indie pop ou encore reggaeton, avec le mégahit "Despacito", archifavori dans la catégorie Disque de l'année.
4h de show télé. Exceptionnellement, les Grammy Awards font un détour par New York et le Madison Square Garden, pour la première fois depuis 2003, avant de retourner l'an prochain à Los Angeles. A la différence de beaucoup de cérémonies de récompenses, les Grammys accordent une place très importante aux performances scéniques, qui étirent la retransmission télévisée sur près de quatre heures. Près de vingt numéros musicaux sont attendus, parmi lesquels Kendrick Lamar, Elton John - qui vient d'annoncer une dernière tournée monstre -, Rihanna, Bruno Mars et Cardi B, la rappeuse sensation de l'année totalement boudée pour les catégories principales.