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Aurélie Dupuy , modifié à
Animatrice passionnée de cuisine, Julie Andrieu a tout appris en partant de zéro sur le plan de la gastronomie. Elle avait d'ailleurs commencé une carrière de reporter.
INTERVIEW

Un bon couteau, une planche, un mixeur et des cocottes en fonte. Dans sa cuisine personnelle, Julie Andrieu met un point d’honneur à ne pas avoir trop de matériel pour privilégier une cuisine simple, de terroir, celle qu'elle fait partager sur France 3 le samedi dans son émission Les carnets de Julie.

Pourtant, elle partait de zéro sur le plan de cuisine. Elle a raconté son parcours au micro d'Europe 1 dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie.

Élevée aux plats industriels. Rien dans son éducation ne l'avait préparé à devenir gastronome. "On n’a pas forcément de transmission, on considère que ce n’est pas prioritaire que de savoir faire la cuisine, que d’acheter des produits frais, que c’est parfois un temps perdu. Il y a des wagons à raccrocher et pas seulement dans les classes les plus modestes", constate la cuisinière. Elle faisait d'ailleurs partie de ces personnes très éloignées des plans de travail. "Ma maman - la comédienne Nicole Courcel - qui était formidable, mais pas en termes de cuisine, m’a fait manger la plupart du temps des plats préparés, des plats industriels. Je n’en suis pas encore morte mais j’aurais préféré être élevée autrement. Elle m’a donné beaucoup d’autres choses et ça m’a permis de choisir cette voie professionnelle par réaction. Ça m’a construite", explique Julie Andrieu.

Dans mon esprit, soit on était chef, soit on était charcutier-traiteur.

"Je ne savais pas que je prenais une voie professionnelle". C'est avec ce manque de bagage culinaire qu'elle rencontre Jean-Marie Perier, qui devient son compagnon. Son amour de la cuisine s’est déclenché grâce aux années passées avec cet homme. "Contrairement à ma maman et mon entourage, il aimait s’attabler dans les bistrots. C’était plutôt la cuisine traditionnelle. Goûter des terrines, des plats mijotés, boire du vin. Tout ça m’était complètement étranger, terra incognita, et j’ai trouvé ça passionnant. Je ne savais pas du tout que je prenais une vie professionnelle. Dans mon esprit, soit on était chef, soit on était charcutier-traiteur."

Vers le petit écran. Elle qui avait parcouru l'Asie en sac à dos à 17 ans dans l'idée de devenir photographe reporter s'engage alors dans la cuisine. Elle devient critique gastronomique et écrit un livre de cuisine grâce son mentor Claude Lebey. "J’aimais écrire et j’aimais bien manger. Si on lie les deux, pourquoi pas la critique gastronomique ? Je la trouvais assez fascinante, assez mystérieuse." Puis c'est son éducation et son vécu avec une mère actrice qui l'aide pour l'étape suivante. "Ce que je maîtrisais c’était la communication, la télévision, parce que j’avais vécu dans les théâtres, dans les coulisses, et je me suis dit 'essayons de faire une émission de télévision'."

Réticence des patrons de chaînes. Quand elle commence, elle a 22, 23 ans. A l'époque, aux États-Unis, les programmes culinaires cartonnent. En France, le créneau est quasiment libre. Mais elle a dû batailler "pendant quelques années face à la réticence des patrons des chaînes. On était un peu sur notre quant à soi" parce que Français, désignés rois de la gastronomie. "On s’est rendu compte qu’il y avait des choses à imaginer" et c’est là que la cuisine s’est renouvelée. "Longtemps perçue comme une tâche ménagère rébarbative ou un métier pour d’autres, souvent pour des hommes, on s’est rendu compte que ça pouvait être un loisir, une culture, un partage. C’est la société qui a évolué finalement", estime l'animatrice.

Restaurateur, c’est le contraire de ce que je fais. On est quand même entre quatre murs.

Aujourd'hui, les émissions culinaires sont légions, souvent sous forme de concours, comme Top Chef ou Le meilleur pâtissier sur M6. Les émissions de Julie n'emploient pas la même recette. "On ne fait pas le même métier. Je m’attache plus à la cuisine des non professionnels, une cuisine ménagère qui raconte des choses intimes. Ce sont deux approches complémentaires", se réjouit l'animatrice qui se souvient du temps où on n'aurait pas misé sur la cuisine.

"On m'a proposé de tourner". Elle compte d'ailleurs rester dans son domaine, malgré les propositions de diversification. "On m’a proposé beaucoup de choses mais ce n’est pas mon métier. La colonne vertébrale, c’est de traiter de l’alimentation et de transmettre. Je suis bien dans ce que je fais." On lui a pourtant proposé de suivre les pas de sa mère. "On m’a proposé de tourner. Les deux métiers que je n’aurais pas envie de faire, c’est restaurateur et actrice. Ce sont ceux que je connais le mieux. Restaurateur, c’est le contraire de ce que je fais. On est quand même entre quatre murs. Ce que j’aime, c’est être le petit oiseau, voyager, rencontrer. Je ne suis pas faite pour travailler ni dans une cuisine ni dans un bureau."