Julien Clerc : "Je compose souvent des choses qu’il vaut mieux que je ne joue pas"

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A.H.
Alors qu'il fête ses 50 ans de carrière au cours d'une grande tournée en France, Julien Clerc s'est confié avec émotion sur premiers pas dans la musique, sa famille et… son amour du ballon rond.
INTERVIEW

Ce n'est rien, Ma Préférence, Si on chantait, MélissaDepuis 50 ans, Julien Clerc a ravi le cœur des Français avec des mélodies entrées au Panthéon de la variété. Après ce demi-siècle de carrière, le chanteur populaire a entamé un grand tour de chant, dans toute la France, pour y interpréter ses plus grands tubes. Et dimanche, pour Europe 1, il est parti En balade avec Nikos Aliagas, pour une plongée dans ses souvenirs.

Un discret studio d'enregistrement. C'est au 95, rue de Championnet, dans le 18ème arrondissement de Paris, que le duo marque un premier arrêt. Là, derrière une grande porte bleue d'un autre temps, se cache le studio d'enregistrement CBE. Là, Julien Clerc a enregistré de nombreux tubes à ses débuts, "dans les années 1970". CBE était alors tenu par Bernard Estardy. C'est sa fille Julie qui en est aujourd'hui la gérante. Grâce à elle, les souvenirs de Julien Clerc remontent à la surface. "Vous avez enregistré ici tout l’album Des jours entiers à t’aimer, et Ma préférence, lui rappelle-t-elle.

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Là c'est Claude François… Ici c'est Françoise Hardy… Ah mais ça, c'est moi !

L'amour du piano et des mélodies. Dans ce minuscule studio, où Johnny Hallyday a enregistré Que je t’aime, Michel Sardou Les Lacs du Connemara, et Dalida Laissez-moi danser, Julien Clerc s'attarde sur les innombrables photos qui tapissent les murs jusqu'aux toilettes, comme des témoins de la grande époque de la variété française. "Là c'est Claude François… Ici c'est Françoise Hardy… Ah mais ça, c'est moi !", se surprend-il. Le chanteur se glisse derrière le piano, et progressivement, les airs joués alors rejaillissent. "Je joue assez peu sur mes albums, à part un ou deux morceaux que je me réserve. Je compose souvent des choses qu’il vaut mieux que je ne joue pas", confie-t-il, modeste. C'est pourtant très tôt, dès l'âge de 6 ans, que Julien Clerc a été initié au piano. "Ça m’a donné des bases, mais ça n’a jamais fait de moi un très bon instrumentiste. Mais le piano me sert de base harmonique pour composer mes mélodies", explique-t-il.

La naissance inattendue d'une carrière. Celui qui a quitté l'école à 13 ans pour rejoindre les scouts a finalement été regagné par la musique à l'adolescence, "vers 16, 17 ans". Il raconte : "J’ai commencé à chanter en vacances avec un ami connu aux Éclaireurs de France. On était partis camper à Calvi, en Corse, en emmenant tous nos 45 tours. Un matin, des musiciens du continent ont débarqué sur le port. Ils étaient trois et cherchaient un engagement pour l’été, et un chanteur". Julien Clerc s’est alors proposé, sans trop savoir pourquoi. "Ils jouaient tous les disques qu’on avait. L’après-midi, dans la tente, j’ai tout appris à toute vitesse, dans un anglais imparfait", se souvient-il, amusé.

De cette anecdote toute simple est née la carrière prolifique que l'on connaît : tubes, récompenses, rencontres et concerts inoubliables. Comme cette première fois à l'Olympia, en février 1969, pour la première partie de Gilbert Bécaud. "J’avais signé quelques temps avant dans sa maison d’édition. Je faisais partie de son écurie. Mon disque Ivanovitch venait de sortir. Bécaud m’avait dit : 'je n’y comprends rien, mais ça me plait'", se rappelle le chanteur.

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J’avais la chance d’aller m’entraîner avec les Girondins. Je courais avec les éclopés !

La passion du foot, son amitié avec Aimé Jacquet. Si la musique a été le moteur de la vie de Julien Clerc, une autre passion lui a donné son lot de frissons et d'émotions : le football. "En tant que spectateur, pas pratiquant, car j’ai toujours été nul", tient-il à préciser, depuis le Stade de France, où Nikos Aliagas l'a conduit. Sa notoriété lui a permis de faire des rencontres marquantes, et d'assister à des moments d'exception. Il était notamment un grand ami d'Aimé Jacquet. "Je l'ai connu à l’époque du grand Bordeaux (dans les années 80, ndlr), où j’ai habité quelques années. J’avais la chance d’aller m’entraîner avec les Girondins. Je courais avec les éclopés, pour vous dire la vérité", glisse-t-il. Cette proximité avec le sélectionneur emblématique de l'équipe de France a été accompagnée d'une grande admiration à son égard. "Aimé Jacquet est l’exemple d’un homme qui, contre vents et marées, a tenu bon contre la presse, et contre tous les sélectionneurs que sont chaque Français. (…) Je n’ai pas été étonné quand j’ai vu le film Les Yeux dans les Bleus (qui retrace l'épopée des Bleus de 1998, ndlr), car j’y ai retrouvé les causeries que j’avais entendues dans le vestiaire", ajoute Julien Clerc.

La finale de la Coupe du monde, le chanteur y était, bien sûr. En bon fan du ballon rond, et très admiratif des gardiens de but, il a même pu récupérer "le maillot noir de Fabien Barthez".