Peut-on rire de tout ? La question est vieille comme le monde pour les humoristes. Kheiron, lui, sur scène, ne s'interdit rien. Sur les planches de l'Européen à Paris, l'humoriste, aussi réalisateur (Nous trois ou rien, Brutus Vs César - le 18 septembre 2020 sur Amazon Prime) fait des blagues sur tout et tout le monde, en donnant une place prédominante à l'improvisation et aux échanges avec le public dans son spectacle. Pour lui, une blague dépend avant tout du contexte. "On peut tout dire, c'est le contexte qui fait ce qui est marrant ou pas marrant".
"Dans les médias et sur les réseaux, c’est très difficile"
"Je pense qu’on peut tout dire, mais c’est juste une question de contexte", martèle Kheiron au micro d'Europe 1. "Ça dépend avec qui on est, où on est, et qui le dit surtout !" poursuit-il à notre micro. "Si j’ai un passé d’esclavagiste et que je fais une blague sur l’esclavage, ça va passer différemment que si je suis contre ce crime", explique-t-il.
La blague préférée de @MrKheiron en exclusivité sur #Europe1pic.twitter.com/uxQAO9Of6q
— Europe 1 (@Europe1) August 4, 2020
Pour autant, il est de plus en plus compliqué pour certains artistes de faire des blagues, affirme Kheiron. Certains reconnaissant parfois s'autocensurer sur plusieurs sujets de société. "C’est la pire époque pour l’humour !" déplore-t-il. "Dans les médias et sur les réseaux, c’est très difficile." Reste la scène pour s'exprimer sans filtres. "C'est encore cool parce que les gens payent pour venir nous voir, donc ils ont vraiment envie de venir et savent plus ou moins ce qui les attend. Ils viennent en connaissance de cause."
"Il est possible que certains ne comprennent pas le propos"
"Chacun vient avec sa sensibilité, avec son éducation, et avec ce qu’il est", explique Kheiron. "Donc il est possible que certains ne comprennent pas le propos. Il est possible, que lorsque dans un sketch j’insulte une femme, 1% de la salle se dise qu’il est cool d’insulter une femme de 'sale pute' et il va se tromper, parce que le contexte n’est pas le même", raconte-t-il. "Quand quelqu'un réalise un film sur un braquage, en réalité pour lui c’est un film sur la rédemption, mais certains vont y voir une méthode pour braquer une banque", conclut Kheiron.