Comment voir 26 films en... douze jours ?
Pour tout arranger, les films sont courts. J’ai regardé, j’ai bien potassé tout ça, on a des films en majeur partie d’une moyenne de 1h10…
Vous avez accepté tout de suite cette belle mission ?
Carrément. Quand Thierry Frémot m’en a parlé, j’étais super honorée, très heureuse. Des premiers films, j’en ai fait beaucoup en tant qu’actrice et j’ai la notion de ce que ça représente pour un cinéaste. C’est un premier élan, il n’y aura jamais deux fois un premier film. C’est comme un saut dans le vide. Une grande première. Et puis ils ont tous commencé par-là, tous ceux qu’on aime aujourd’hui, tous ceux qui ont changé nos vies. Ceux qui ont transformé notre regard sur les choses. Il y a eu un premier Almodovar.
L’année dernière, vous nous aviez montré un très joli court métrage. Le long, c’est pour quand ?
Je l’ai très présent en tête quand je me dis que je vais voir des premiers films. J’ai commencé à essayer d’écrire un long et je vois la difficulté que c’est d’étirer comme ça, d’avoir une nécessité de raconter une histoire. J’ai une facilité avec ce qui est court, comme une chanson ou un court métrage. Mais un long métrage, c’est comme - j’imagine - un roman ou c’est surement encore autre chose. Il y a des personnages à créer, des enjeux, sans compter la forme, le fond. Je trouve que c’est un immense travail, une immersion totale, une nécessité, un investissement. C’est deux ans de vie !
Quels vont être vos critères ?
Je n’ai pas de critère… Quand j’ai rencontré les autres membres du jury, je leur ai dit qu’il fallait essayer d’oublier que l’on était juge, d’essayer d’être dans l’empathie, la bienveillance, avec l’idée que c’est un premier film et puis de rester spectateur le plus possible. Ils ont l’air d’être comme moi, d’avoir envie de s’installer dans le fauteuil et de voir un film qui les touche.
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Est-ce qu’il y a le critère du thème ? C’est souvent les films sociaux qui gagnent le prix de la Caméra d’or…
Il y a eu des films sociaux et puis d’autres moins. Je pense par exemple à "Party girl" qui était sur le destin d’une femme et de sa famille. Je n’aurai pas du tout en tête ce critère-là, je ne suis pas du tout obsédée par l’idée d’un film social qui revendique un message. Je peux aussi avoir envie de rêver. Le cinéma, c’est aussi l’occasion de s’évader. Ce qu’il faut, c’est être saisi. "L’argent de poche" de Truffaut, par exemple, me bouleverse parce que je suis saisie par l’émotion ou par la façon de filmer.
Vous êtes présidente du débat. Quel va être votre tempérament ?
Alors j’ai déjà mis dans la poche les autres membres du jury, je leur ai offert des petits cadeaux ! (Rires) Je suis contente d’être avec eux, de vivre ça. C’est plus sur le ton de ‘on a de la chance, on va voir de films.’ C’est vraiment joyeux. J’ai juste une petite exigence : que l’on ne se quitte pas trop. Tous les deux jours j’ai besoin que l’on fasse un point, pour écrémer. J’ai besoin d’avoir leur avis sur les films que l’on voit. Je vis les choses simplement. Je ne pense pas trop au prix pour le moment, je ne pense qu’à voir les films et voir ce que ça me fait !