«La Ruse» : l’extraordinaire histoire d’une opération des services secrets britanniques

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Dans "La Ruse", en salles mercredi en partenariat avec Europe 1, Colin Firth incarne un officier du renseignement britannique qui a bouleversé le cours de la Seconde Guerre mondiale par le biais d’un improbable stratagème.

1943. Les Alliés sont résolus à briser la mainmise d’Hitler sur l’Europe occupée et envisagent un débarquement en Sicile. Mais ils se retrouvent face à un défi inextricable, car il s’agit de protéger les troupes contre un massacre quasi assuré. Deux brillants officiers du renseignement britannique, Ewen Montagu (Colin Firth) et Charles Cholmondeley (Matthew Macfadyen) sont chargés de mettre au point la plus improbable – et ingénieuse – propagande de guerre qui s’appuie sur l’existence du plus inattendu des agents secrets : un cadavre !

La Ruse est en salles ce mercredi, en partenariat avec Europe 1 → Rendez-vous sur le Club Europe 1 pour tenter de recevoir 2 invitations pour le film  !

Un événement méconnu de la Seconde Guerre mondiale

"La Ruse", le nouveau film captivant de John Madden (à qui l’on doit, entre autres, "Shakespeare in Love" récompensé par l’Oscar du meilleur film en 1999), raconte donc une histoire vraie qui dépasse de loin la fiction. Cet événement véridique a été un tournant crucial dans le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. Les Alliés ont mis au point un stratagème stupéfiant destiné à faire croire aux nazis qu’ils débarqueraient en Grèce et non en Sicile. Ils ont imaginé une ruse qui défie l’entendement et qui a donné lieu à ce film écrit par Michelle Ashford et interprété par un casting de prestige : Colin Firth, Matthew Macfadyen, Kelly Macdonald, Penelope Wilton et Johnny Flynn. Mais comme le signale la scénariste, "C’est l’intrigue qui est la vraie star du film !"

Ben Macintyre, auteur du best-seller dont s’inspire le film, évoque les détails du stratagème totalement insensé mis au point par les Britanniques. "Pour les Anglais, le plan consistait à dénicher un cadavre et à lui attribuer une fausse identité en le faisant passer pour quelqu’un d’autre. Puis, il s’agissait de l’habiller en uniforme militaire et de faire comme si l’homme était une estafette ayant sombré en Méditerranée lorsque son avion a été abattu".

Les instigateurs souhaitaient acheminer le cadavre jusqu’aux côtes espagnoles – pays neutre –, certains qu’il serait repêché sur place par les espions nazis. Ces derniers relayeraient ensuite les – fausses – informations retrouvées sur le cadavre directement à Adolf Hitler à Berlin. L’auteur du livre poursuit : "Les Anglais comptaient affubler le cadavre d’un porte-documents contenant de faux documents semblant indiquer que l’ensemble des troupes alliées s’apprêtaient à débarquer en Europe par la Grèce et non par l’Italie. Il s’agissait donc d’un plan cherchant à mettre les nazis sur une fausse piste".

Un stratagème conçu par Ian Fleming, le futur auteur de James Bond !

Le stratagème, de son nom de code Opération Mincemeat, puise ses racines dans la littérature. Il a en effet été conçu par… Ian Fleming (interprété dans le film par Johnny Flynn) qui, bien entendu, est devenu par la suite l’auteur de la célèbre saga James Bond. Ben McIntyre ajoute : "Le plan est issu de la fiction et, plus précisément, d’un roman d’un certain Basil Thompson. Plus personne ne lit Thompson de nos jours. Mais il se trouve qu'Ian Fleming le connaissait. Il était assistant auprès de l’amiral Godfrey, chef du renseignement naval pendant la guerre, qui a inspiré M dans les romans de James Bond. Fleming a suggéré l’idée de Thompson à Godfrey. C’est ainsi que la supercherie est presque entièrement née d’un roman !".

Le producteur du film Emile Sherman insiste sur le rôle décisif joué par Ian Fleming dans cette histoire : "Fleming a eu un rôle déterminant dans toute l’affaire Opération Mincemeat. C’est notre narrateur, mais c’est aussi lui qui, dans la réalité, a monté le 'Trout Memo' : c’est dans ce mémo que figurait l’idée de tromper Hitler en se servant d’un cadavre muni de papiers d’identité, exploitée ensuite par les personnages de l’histoire. C’est vraiment drôle de voir Ian Fleming, avant qu’il ait écrit James Bond, très impliqué dans l’effort de guerre, surtout quand on sait, avec le recul, l’homme qu’il allait devenir."

Le pouvoir et la force de la Fiction

Un aspect fascinant du film est son utilisation de la fiction. La plupart des personnages appartenant au Twenty Committee écrivent des romans dans leur temps libre. Le producteur Iain Canning remarque : " ’La Ruse’ est un hommage à la fiction, sachant que nous nous sommes appuyés sur la très belle adaptation qu’a faite Michelle Ashford du livre de Ben Macintyre. Le film, à travers ses personnages, le jeu des acteurs et son sujet, rend hommage à la force d’une histoire des plus captivantes".

Le réalisateur John Madden confirme également l’importance de la fiction, à la fois pour les personnages et pour lui-même. "De manière profonde et assumée, c’est un film sur la force de la fiction. La communauté qu’évoque le film est constamment au contact d’écrivains. Tout le monde écrit, y compris celui que nous connaissons tous : Ian Fleming, qui est au cœur de l’intrigue.

Ceux qui ont eu l’idée du stratagème sont, fondamentalement, des écrivains. Certains d’entre eux étaient des romanciers, dont les livres étaient publiés, et qui parlaient de criminels trompant la police sans laisser de trace derrière eux. Du coup, ils étaient parfaitement à l’aise avec l’idée de ce plan inattendu. Raconter une histoire en espérant que le public va y croire correspond profondément à mon travail. Et c’est exactement ce que faisaient ces personnages".