Bruno Racine, ancien président du Centre Pompidou et de la BNF, a remis son rapport sur la situation précaire des artistes auteurs, intitulé "L'auteur et l'acte de création", au ministre de la Culture qui l'avait chargé de cette mission en avril dernier. Dans "Culture Médias" mercredi, Patrick Raude, secrétaire générale de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) et Pierre-Yves Mora, scénariste pour la télévision et membre de la Guilde des Scénaristes s'estiment satisfaits des résultats de ce rapport.
"On peut réécrire dix fois un même scénario, on sera toujours payé de la même façon"
"On partage complètement les constats du rapport Racine", a déclaré Patrick Raude. "Le premier, c'est la paupérisation que l'on constate dans toutes les formes de création. Le deuxième, c'est la relation extrêmement difficile au quotidien qu'ont les auteurs dans leur pratique professionnelle et avec leur 'employeur' qui est le producteur", détaille-t-il. "Il y a en France une asymétrie complète entre le niveau de protection dont les producteurs bénéficient dans leurs relations avec les chaînes et les radios, et la protection quasi-inexistante dont bénéficient les auteurs dans leurs relations avec les producteurs", expose le secrétaire général de la SACD, qui représente aujourd'hui plus de 50.000 auteurs dont 15.000 scénaristes et réalisateurs.
Le principal problème des scénaristes comme Pierre-Yves Mora est que leur rémunération n'est pas corrélée avec leur temps de travail réel. "Même si on a heureusement des minimums garantis, notre rémunération est basée sur le succès de l'oeuvre donc on a un pourcentage sur les revenus futurs de l'oeuvre, de l'ordre de moins de 1%. On peut réécrire dix fois un même scénario, ça peut nous prendre trois mois comme trois ans et on sera toujours payé de la même façon", dénonce Pierre-Yves Mora.
Bien loin de la situation des auteurs américains
Aux Etats-Unis, la situation est bien différente. "Il y a une espèce de convention collective entre les producteurs et les auteurs qui prévoit qu'à chaque fois qu'un auteur réécrit un projet de scénario, il est prévu une autre rémunération", explique Patrick Raude. En France, par exemple pour les séries, les auteurs bénéficient d'un minimum garanti donc touchent de l'agent avant l'exploitation de l'oeuvre mais le solde est versé à la diffusion seulement. "Si la série est diffusée plus tard, on est payé plus tard. Et si elle n'est pas diffusée, on n'est pas payé du tout", souligne Pierre-Yves Mora.
Les auteurs qui n'en sont pas à leur première oeuvre bénéficient de l'aide de la SACD qui leur verse des droits d'auteurs pour leurs œuvres passées dès qu'elles sont rediffusées. "Suivant les métiers, 40 à 50% des revenus d'un auteur sont gérés via la relation avec le producteur et l'autre partie est gérée par la SACD tout au long de la vie de l'auteur", précise Patrick Raude.