Le Fils de Saul, du Hongrois László Nemes, est le premier long métrage mais aussi la première sélection en compétition pour son réalisateur qui a reçu le Grand Prix du jury au dernier festival de Cannes. László Nemes a trouvé un angle inédit pour montrer l'innommable. Le Fils de Saul, sur les écrans mercredi, est un film choc sur la Shoah, "très sobre et très fort", confie Bruno Cras, spécialiste cinéma à Europe 1.
Le Fils de Saul parle des Sonderkommando, ces Juifs formés par les nazis chargés d'emmener leurs compatriotes dans les chambres à gaz pendant la Seconde Guerre mondiale. Leur mission consistait aussi à nettoyer les traces de l'extermination, notamment en brûlant les cadavres. On suit l'un d'entre eux, Saul, dans le camp d'Auschwitz-Birkenau. Ce manutentionnaire de l'horreur y travaille comme un somnambule, lorsqu'il tombe sur un corps familier à la sortie d'une chambre à gaz : celui de son fils. Cette vision va réveiller son humanité. Toute l'obsession de cet homme est de donner une sépulture décente à son fils. Il se met donc en quête d'un rabbin parmi ses codétenus et cache le corps pour le sauver de la fosse commune.
Caméra à l'épaule. L'histoire, terrible, est filmée "caméra à l'épaule", donnant au spectateur l'impression d'y être. On ne voit que ce qu'il voit. "On entend le martèlement des pas, le cri des détenus, les aboiements des nazis qui donnent des ordres. C'est vraiment une plongée immersive qui vous prend à la gorge et vous oppresse", raconte Bruno Cras. Le film, "terrible, oppressant" selon Bruno Cras, est "un choc qu'on n'oubliera pas et qui marquera l'histoire du cinéma".