Il était l'un des favoris pour le prix le plus prestigieux de l'édition francophone. Le prix Goncourt a été décerné mardi à Mathias Enard pour son roman Boussole, publié chez Actes Sud. Fasciné par l'Orient, l'écrivain de 43 ans a été élu dès le premier tour, avec six voix. Quant au prix Renaudot, il a été attribué à Delphine de Vigan, pour D'après une histoire vraie.
Un des favoris. Mathias Enard était un des deux favoris dans la course au Goncourt 2015, même si l'autre favori, Hédi Kaddour - récemment interviewé sur Europe 1 -, ainsi que l'outsider, Tobie Nathan, ont également obtenu des voix. Mais selon sept des 16 critiques interrogés par Livres Hebdo, c'était Mathias Enard le plus méritant. De plus, l'écrivain avait reçu en septembre le prix des libraires de Nancy-Le Point. Or, depuis 2013, les lauréats du prix ont été récompensés ensuite par le Goncourt.
Rêveries opiacées. Son roman érudit, Boussole, revient sur ces échanges incessants entre l'Orient et l'Occident. Le livre, enfiévré, tient parfois du poème. Le temps d'une nuit, il plonge le lecteur dans les rêveries opiacées d'un musicologue viennois épris de l'évanescente Sarah. Un des objectifs du livre, a expliqué en substance Enard, était de lutter contre l'image simpliste et fantasmée d'un Orient musulman et ennemi, en montrant tout ce qu'il nous a apporté.
L'auteur s'est dit "extraordinairement heureux" d'avoir obtenu le prix. "Je reviens d'Alger, figurez-vous, et de Beyrouth", a ajouté l'auteur de Boussole. "Et peut-être la baraka de Cheikh Abderrahmane, le patron d'Alger, et Saint Georges de Beyrouth ont fait ça et j'en suis extraordinairement heureux".