La voix du ténor italien Andrea Bocelli s'élève jusqu'à la coupole du théâtre toscan de Pise, mais tous les regards sont tournés vers le chef d'orchestre à ses côtés : un robot qui semble avoir un penchant pour Verdi. A la baguette s'activent les deux bras mécaniques de YuMi, le robot humanoïde élaboré en Suisse par la société ABB, vedette de la clôture du premier festival international de la robotique.
L'apprentissage "a été très difficile". Lors de ce gala, YuMi a notamment dirigé Andrea Bocelli pour "La Donna è Mobile", le célèbre air du Rigoletto de Verdi, ainsi que la soliste Maria Luigia Borsi qui a interprété Puccini. Pour apprendre à manier la baguette, YuMi a été entraîné à imiter la gestuelle du chef de l'orchestre philharmonique de Lucca, Andrea Colombini. "L'apprentissage a été très difficile", il a fallu "17 heures de travail" pour que YuMi sache mimer six minutes de direction musicale.
"Même mobilité" mais "pas de cœur". Selon le chef d'orchestre, la sophistication de YuMi est bien supérieure aujourd'hui à celle d'Asimo, le robot créé par Honda qui avait dirigé l'orchestre symphonique de Détroit en 2008. "Il est très flexible" et possède "la même mobilité que moi", a estimé Andrea Colombini. "Mais il ne peut en aucun cas remplacer la sensibilité et l'émotion d'un chef d'orchestre car un robot n'a pas d'âme. C'est juste un bras, pas de cerveau, pas de cœur", juge-t-il.
Pas d'improvisation. YuMi peut certes diriger des morceaux mais ne sait surtout pas improviser ou interagir avec les musiciens. "Il n'y a que peu de place à l'improvisation, il faut faire avec le robot", a remarqué le violoniste Brad Repp, qui a pris part au concert. "C'est amusant... mais ne représente en aucun cas l'avenir", a-t-il ajouté.